On a beaucoup parlé de participation créatrice de l'interprète, de ses capacités d'invention, de lui donner plus de responsabilité dans l'échaffaudage d'un résultat commun. On lui a souvent demandé d'improviser dans le cadre d'une œuvre composée, devant suivre certains codes proposés par le compositeur.
Der Käfig est une œuvre ouverte s'attaquant aussi radicalement que possible au problème de la cohabitation de deux entités très éloignées l'une de l'autre, d'une musique fixée et structurée d'une part et d'une musique inventée librement par le soliste, instantanément, sans aucune indication, d'autre part.
Première entité: 36 musiciens divisés en 8 groupes dans un espace forment une cage sonore, mais aussi visuelle (une cage peut être un cube avec 8 points). Chacun de ces 8 groupes dispose d'une information musicale distincte, reconnaissable. Chaque information « voyage » vers les 7 autres, formant un réseau d'informations se répétant mais toujours dans une superposition diffèrente.
Deuxième entité : Au centre de cette cage, de ce filet sonore, se trouve un soliste, évoluant et inventant librement, ne disposant d'aucune aide, d'aucun code.
Accepte-t-il la cage ? Veut-il s'y installer, l’ignorer ? Est-il en mesure de la détruire ? Peut-il dans une situation artificielle de spectacle être lui-même ?
Nous lui souhaitons « bon voyage ».
Vinko Globokar, éditions Ricordi.