Cris constitue une magistrale synthèse de toutes les recherches passées de Maurice Ohana sur les possibilités de la voix humaine... Les sons non tempérés, la phonique d'essence instrumentale, les folklores extra-européens, les cris de foules humaines, mais aussi d'animaux sauvages constituent, entre autres, le matériau sonore dans lequel le compositeur a librement puisé. Par un cheminement imprévu, auquel même le stimulant de l'électro-acoustique n'est pas étranger, Maurice Ohana retrouve à nouveau le contact avec certains aspects des polyphonies espagnoles du début de la Renaissance, notamment celles du Cancionero d'Upsal. La partition laisse aux interprètes une certaine marge de liberté, dans un sens aléatoire limité, liberté destinée uniquement à stimuler leur fantaisie et la spontanéité de leur expression. Cris qui, à côté des demi-tons usuels, fait un large usage des tiers de tons, se compose de cinq parties chantées sans interruption.
Harry Halbreich, catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Ohana, Revue Musicale, Editions Richard-Masse.