Esquissée en 1993 dans l'esprit d'une étude comportant un «problème d'écriture à résoudre» (au sens mathématique), cette courte pièce joue sur la perception de type polyphonique d'un instrument monophonique. Une des réponses possible à ce problème est de nature polyrythmique et j'ai abouti à la juxtaposition de deux matériaux musicaux contrastés, mais complémentaires que j'ai tenté de concilier dans un discours continu : un traitement percussif de la flûte avec contrainte (pulsation régulière, quasi-métronomique) et une écriture mélodique plus traditionnelle dont l'espace de déploiement naturel se trouve limité de par sa coexistence avec «l'autre». De la tension créée par cette dualité a émergé petit à petit une sensation inattendue, de nature incantatoire, accentuée par la pulsation lancinante qui donne à la pièce un aspect un peu «ritualiste». Les principales difficultés d'exécution résident dans la stabilité du tempo (qui ne doit pas fluctuer), dans la précision de l'articulation rythmique générale et dans l'attention particulière que demande à chaque instant la différenciation de timbre des deux «voix». La pièce a été créée à Rome en 1996, par Manuel Zurria.