La musique n'est jamais pure : elle est posture, elle est théâtralisation. Elle n'est pas séparable du geste. La tâche consiste à céder le sens de l'action musicale à des protagonistes choisis pour leurs aptitudes particulières, à leur accorder la possibilité de définir pour eux-mêmes à quelles conditions une potentialité est transformée en réalité, sous le regard de l'auditeur, dans l'écoute du spectateur.
Ces potentialités voient leur domaine élargi, dans Circles (Cercles), par la présence de textes extrait des poèmes n° 25, 76 et 221 du recueil Collected Poems, de e.e. cummings. Les poèmes n° 25 et 76 sont repris deux fois, à deux moments différents du développement musical. Il ne s'agit pas, dans Circles, d'une série de fragments vocaux assortis d'un accompagnement instrumental, mais davantage de l'élaboration des trois poèmes en une forme unifiée dans laquelle l'action vocale et l'action instrumentale se déterminent l'une l'autre très strictement. Les aspects théâtraux de la représentation sont inhérents à la structure de l'oeuvre elle-même, qui est, avant tout, une structure d'actions, qu'il faut, en tant que telle, entendre comme une pièce de théâtre et voir comme une musique.
Luciano Berio, extraits des notes de programme rédigées pour la première exécution de l'œuvre donnée au Berkshire Festival à Tanglewood, en 1960.