Dans Chamber Symphony – Quasikristall, l’entrecroisement de textures, le contrepoint et la succession constante de centres qui focalisent la tension musicale, agissent comme des principes structurants pour les divers matériaux proliférants qui grandissent et s’enflamment jusqu’à se vaporiser en flux harmoniques de timbres dénaturalisés et de registres extrêmes. Le déploiement contrapuntique et harmonique s’appuie sur une gestualité instrumentale attachée aux éléments timbraux. Cette gestualité plonge ces racines au plus profond de la structure de la pièce.
Le discours présente une dynamique de changements permanents qui se superpose à l’application itérée de certaines « enveloppes formelles/structurelles » apportant une base modulaire à caractère multidimensionnel. Ces éléments constituants, comme les vecteurs du réseau réciproque d’une structure quasi cristalline, sont plus nombreux et différents de celles qui produisent des structures acoustiques à caractère régulier (cristallines). Conçus pour agir sur les différentes dimensions possibles de l’écoute (harmonique/spectrale, rythmique/temporelle, dynamique, timbrique, frictions gestuelles au sein de l’ensemble instrumentale, etc.), ils produisent une structure temporelle musicale à qualités « quasi cristallines ».
La plupart de l’électronique de la pièce est dédiée au traitement en temps réel des deux flûtes et de la section de cordes. L’utilisation de la synthèse granulaire et de réseaux de retards variables active la déconstruction temporelle et gestuelle du matériau instrumental. Le gel dans le temps d’accords clefs, modulé en temps et en fréquence amplifie ce phénomène. Une synthèse basée sur l’utilisation couplée d’une analyse spectrale et de filtres résonants crée un nouvel espace timbral tout en développant le geste qui lui a donné naissance. Tous les traitements jouent un rôle intégrateur. Ils proportionnent une prolongation du geste instrumental, en même temps qu’ils favorisent l’émergence de nouveaux « vecteurs constituants » qui agissent sur les éléments instrumentaux de base en créant des synchronisations inusitées. Ainsi, le traitement électronique donne une plus grande malléabilité texturelle et structurelle en permettant des rapprochements entre des gestes et des timbres instrumentaux très éloignés. Ainsi, de nouveaux microunivers sont créés. Ils s’insèrent et contribuent de manière décisive à la forme globale de Quasikristall.
Hèctor Parra.