Utiliser la voix implique souvent l'utilisation d'un texte. Et l'on sait que le compositeur, pour se l'approprier, le maltraite au risque de le rendre incompréhensible. Il reste alors — et ce n'est pas rien — l'influence de sa structure sur la forme musicale. Pour ma part, je n'ai pas souhaité me livrer à un travail de « réorganisation » d'un texte préexistant que je craignais de trop malmener.
Dans cette pièce, la partie vocale n'a donc pas été écrite à partir d'un texte. Elle est extraite de polyphonies à caractère instrumental, canons rythmiques organisés à partir d'un cantus firmus simple et repérable. La partie vocale est, selon la situation, le cantus firmus lui-même ou bien l'une des parties, en imitation ou en canon, extraite de la polyphonie. J'ai donc écrit le texte a posteriori, en fonction de la ligne mélodique obtenue.
La chanteuse est ici en observatrice. Elle décrit de manière « topologique » les transformations, les dérives de la musique qui est en train de se dérouler. Le texte est une sorte de « mode d'emploi » (écrit après la composition) dont le caractère poétique ne se dégage que lorsqu'il est chanté et que la pièce est réellement jouée.
Philippe Hurel.