Nicolas Frize se forme d’abord au piano avant d’intégrer la classe de composition de Pierre Schaeffer au Conservatoire de Paris, puis de devenir assistant de John Cage à New York dans le cadre d’une bourse « Villa Médicis hors les murs ».
En 1975, il crée l’association Les Musiques de la Boulangère qui se définit comme structure de création, de production, de formation, de recherche et de diffusion musicales. Dans ce cadre, l’association cherche à favoriser la pratique musicale en groupe et en amateurs, une approche largement privilégiée par Nicolas Frize dans un catalogue qui rassemble des œuvres orchestrales, instrumentales, chorales, électroacoustiques et mixtes où se rencontrent souvent des effectifs très larges. On peut citer ainsi le Concert de baisers (1983) pour trois cents choristes et instrumentistes du baiser, le Concert de savants (1987) pour deux cents chanteurs et bande magnétique ou encore Rêves de hotte (2002) pour vingt interprètes et instrumentarium de 750 jouets sonores d’enfants. Ses compositions, qui mettent à l’honneur la participation d’interprètes et de chanteurs non professionnels, procèdent d’une démarche participative unique et ont donc vocation à être renouvelées mais jamais répétées.
Cette conception de la composition, qui met au cœur de la pratique musicale l’essence personnelle de l’interprète, est perceptible dans les installations, qui constituent l’autre grande facette des travaux de Nicolas Frize. En effet, le compositeur réalise régulièrement des résidences artistiques, où il préfère se placer d’emblée en « situation d’incompétence » et habiter les lieux sur le temps long : il s’installe notamment à la Manufacture de Sèvres de 2006 à 2009, à l’usine PSA Peugeot Citroën de Saint-Ouen de 2012 à 2014 et aux archives nationales à Pierrefitte en 2014 et 2015. Il se place dans ces lieux comme un « écouteur public », en proposant de donner à entendre à ceux qui occupent les lieux les sons de leur présence, de leur pratique professionnelle et par là engager une écoute réflexive. Ces résidences donnent en général lieu à une installation restituant ces ambiances sonores : Nicolas Frize privilégie de fait les parcours, selon l’idée que la mobilité physique est un appui à la mobilité intellectuelle. C’est ce qu’il a mis en œuvre récemment en collaboration avec Robin Meier dans la mise en son de l’université d’Amiens, rénovée par Renzo Piano, dans le cadre du 1% artistique, accordé pour la première fois à un compositeur.
Il ressort de son catalogue et de ses approches un intérêt pour le bien commun, le vivre ensemble qu’illustrent l’attention portée dedans au travail, au soin, à l’enseignement. On peut noter à ce titre que Nicolas Frize a aussi été intervenant en prison, responsable de la Commission prison de la Ligue des Droits de l’Humain et a publié Le sens de la peine : état de l’idéologie carcérale en 2004.
Les œuvres de Nicolas Frize ne sont pas enregistrées et ses partitions conçues pour n’être interprétables qu’en sa présence, l’artiste rejetant le concept de postérité et préférant laisser son travail disparaître avec lui.
En juin 2021, sa pièce Barthes Performance est créée au Centre Georges Pompidou dans le cadre du festival ManiFeste de l’Ircam.