Élève du Conservatoire national supérieur de musique de Paris dès ses dix ans, où il suit les cours d’Olivier Messiaen et obtient neuf premiers prix, Alain Louvier mène, après son bac à quinze ans, des études supérieures en mathématiques.

Pensionnaire à l’Académie de Rome de 1969 à 1972, il est, de son retour en France à 1986, directeur du Conservatoire national de Région (CNR) de Boulogne-Billancourt. Il y agit pour l’intégration du répertoire contemporain à tous les échelons de la formation, notamment par la commande de courtes pièces. Il est ensuite pendant cinq ans à la tête du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP), dont il assure le transfert à la Cité de la Musique en 1990, ainsi que la création de nouveaux départements (Pédagogie, Métiers du son, Danse contemporaine). De 1991 à 2009, il enseigne dans cette même institution l’analyse musicale en même temps que l’orchestration au CNR de Paris.

Pendant cette période, il est concertiste-conférencier aux Jeunesses Musicales de France et, parallèlement à ses activités pédagogiques, chef d’orchestre. Depuis 1972, Alain Louvier a dirigé l’Ensemble Ars Nova, les orchestres des Concerts Colonne, des Concerts Lamoureux, du CNSMDP, le Philharmonique de Radio-France et celui des Pays de la Loire, l’Ensemble 2e2m et l’ensemble L’Itinéraire. Avec ces différentes formations, il crée de nombreuses œuvres nouvelles de Karlheinz Stockhausen, Giacinto Scelsi, Gérard Grisey, Tristan Murail, Michaël Levinas…

Alain Louvier applique à son travail de composition la méthode scientifique de sa formation. L’espace sonore y est souvent rapproché de l’algèbre et de la géométrie, notamment dans Hommage à Gauss (1968), Neuf carrés (1972) et L’Isola dei Numeri (1991). Le compositeur, pour qui « la musique est nombre », a créé son propre système harmonique, l’« heptaïque », qui divise la gamme en sept tons, à l’occasion de la création de sa pièce Casta Diva (1980), commande de l’Ircam sur une chorégraphie de Maurice Béjart. Dans le même axe de recherche, il introduit la modalité dans l’univers microtonal des quarts de tons dans Le Clavecin non Tempéré (1978), Suite en Do (1977), Anneaux de Lumière (1983) et « S » (1999).

Sa passion pour la botanique et l’entomologie, transmises par son père biologiste, se fait jour ici et là dans son catalogue au croisement de son goût des mathématiques, par exemple dans Herbier 2 (2005) transcription pour cordes pincées en huitièmes de ton de la courbe d’un pétale de pervenche en hélice ou dans Envols d’écailles (1986) inspirée du vol des papillons.

Toujours attaché à la pédagogie, le compositeur a également développé deux livres de pièces pédagogiques, les Agrexandrins, afin de familiariser les jeunes interprètes aux techniques contemporaines. Il s’y appuie sur ses propres travaux sur l’attaque des claviers remontant à 1964, notamment sur les « agresseurs », au nombre de seize (10 doigts, 2 poings, 2 avant-bras, 2 paumes) explorés dans la série des Études pour agresseurs (1964-2011).

Ses œuvres sont publiées chez Leduc, Dhalmann, Salabert et Lemoine.

Prix et récompenses

  • Officier des Arts et des Lettres, 1988 ;
  • Prix Georges Enesco de la Sacem, 1986 ;
  • Prix Paul Gilson, 1981 ;
  • Prix Honegger, 1975 ;
  • Lauréat du dernier Grand Prix de Rome en composition musicale sur concours, 1968.
© Ircam-Centre Pompidou, 2024

sources

Site du compositeur, Denis Havard de la Montagne, Le Monde



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