Olivier Messiaen (1908-1992)

Poèmes pour Mi (1936 -1937)

pour grand soprano dramatique et orchestre

  • Informations générales
    • Date de composition : 1936 - 1937
    • Durée : 32 mn
    • Éditeur : Durand
    • Dédicace : A Claire Delbos
    • Livret (détail, auteur) :

      poèmes d’Olivier Messiaen

Effectif détaillé
  • solistes : 1 soprano solo, 1 soprano solo
  • 4 flûtes, 4 flûtes, 3 hautbois (aussi 1 cor anglais), 3 hautbois (aussi 1 cor anglais), 2 clarinettes, 2 clarinettes, 3 bassons, 3 bassons, 4 cors, 4 cors, 3 trompettes, 3 trompettes, 3 trombones, 3 trombones, 1 tuba, 1 tuba, 3 percussionnistes, 3 percussionnistes, cordes, cordes

Information sur la création

  • Date : 4 juin 1937
    Lieu :

    Paris, salle Gaveau


    Interprètes :

    Marcelle Bunlet, soprano, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, direction : Roger Désormière.

Titres des parties

1. Action de grâces
2. Paysage
3. La Maison
4. Epouvante
5. L'épouse
6. Ta voix
7. Les deux guerriers
8. Le collier
9. Prière exaucée

Note de programme

Olivier Messiaen a composé trois grands cycles chantés : Poèmes pour Mi, les Chants de terre et de ciel et Harawi. Ces trois cycles sont composés pour le piano et la voix, et seul le premier a été orchestré.

Dans cette œuvre, le langage rythmique use de durées très irrégulières, et de certains procédés chers à l'auteur : valeurs ajoutées, points ajoutés, rythmes non rétrogradables, canons rythmiques, plus quelques emprunts à la métrique grecque et à la rythmique hindoue. Le titre de l'œuvre a souvent intrigué les critiques. La syllabe « Mi » n'a rien à voir avec la note de musique du même nom. Il s'agit simplement d'un mot d'affection, imitant un diminutif, et sous lequel se cache le nom de la dédicataire : la violoniste et compositeur Claire Delbos.

J'ai écrit moi-même poème et musique, l'un en même temps que l'autre. Le poème, très simple, est un peu dans l'esprit de Pierre Reverdy (poète que je lisais beaucoup à l'époque). Il contient, en outre, des vocables empruntés à Saint Paul, à l'Evangile, aux Psaumes, et des images tirées du paysage qui m'environnait alors : celui des Alpes, des montagnes, des lacs, et de la campagne dauphinoise. La forme musicale est différente pour chaque lied. Elle va de la chanson très mélodique (Paysage, Le collier), à la scène dramatique (Epouvante), et au diptyque (voir les deux volets de Prière exaucée). Dans la première et la dernière mélodie (Action de grâce et Prière exaucée), je me suis souvenu de ce qui se pratique dans les « Traits » du plain-chant : le texte est débité rapidement (non pas comme un récitatif, mais à la façon d'une psalmodie) et les mots importants — les mots-clefs — sont revêtus de longues vocalises. La couleur est peut-être ici l'élément primordial. Couleur harmonique d'abord. Elle est obtenue soit par la juxtaposition de « modes à transpositions limitées », qui donnent des accords bleu-violet, rouge-mauve, orangé, blanc et or (comme dans Paysage), soit par la superposition de ces mêmes modes en complexes colorés mouvants (comme dans Ta voix, dans Le collier, dans le canon rythmique au début d'Action de grâce et la grande vocalise sur le mot « joie » à la fin de Prière exaucée).

Les couleurs d'orchestre suivent les couleurs harmoniques et les renforcent. La double attaque arco et pizzi simultanés par les cordes divisées est fréquente. Le timbre est souvent pulvérisé par des accords en trilles. Le caractère des bois solistes est respecté (hautbois et cor anglais sombres et nasillards, flûtes poétiques et claires, clarinettes neutres ou agressives, cors ronds et chauds). Enfin, la percussion (trilles de cymbale, ostinato des cloches), et les groupes-fusées des bois ou des cordes, sont là pour souligner à la fois les attaques, les timbres, et les couleurs d'accords.

Olivier Messiaen, programme du Festival Musica 96

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