Shaker Loops a été composée à l'automne 1978 et créée le 8 décembre de la même année par des membres du San Francisco Conservatory New Music Ensemble, dirigés par le compositeur. Bien que initialement écrite pour septuor à cordes, cette pièce peut également être exécutée par un ensemble de cordes. Il existe deux versions de la partition, toutes deux éditées par Associated Music Publishers. La version modulaire originelle laisse plusieurs aspects de l'arrangement répétitif à l'appréciation des musiciens. Dans la présente version, qui constitue en fait une interprétation de la version modulaire parmi bien d'autres, toutes les reprises sont transcrites. Cette version « orchestrée de bout en bout » est destinée à un grand ensemble de cordes.
Bien qu'il s'agisse d'un exemple de « musique continue », Shaker Loops diffère de la plupart des autres œuvres du même genre car elle change énormément en un laps de temps relativement court. Elle évite aussi la pureté formelle et temporelle de nombre d'œuvres « minimales » en ne s'attachant jamais à un tempo inflexible. Cette approche moins stricte permet une plus grande liberté de mouvement d'un niveau d'énergie à l'autre, rendant ainsi la forme plus dramatique.
Les « boucles » (loops) sont des matières mélodiques attribuées aux sept instruments, ayant chacune une longueur différente et qui, quand on les écoute ensemble, donnent un jeu en perpétuel changement. Ainsi, quand un instrument a une mélodie d'une période de sept temps, un autre en joue une de onze temps, pendant qu'un autre répète son motif tous les treize temps, et ainsi de suite (le meilleur moyen de percevoir ce phénomène est de compter les temps séparant les différentes notes pincées de Hymning Slews).
Les quatre parties, bien que se combinant de façon régulière, sont très distinctes les unes des autres, se caractérisant chacune par un style particulier de maniement des cordes. Les mouvements externes sont affectés au « secouement », rapide déplacement très rythmé de l'archet sur les cordes. Les « balayages » (slews) de la deuxième partie sont de langoureux glissandos flottant au sein d'un noyau quasi immobile de son fixe (joué senza vibrato). La troisième partie est essentiellement mélodique, les violoncelles exécutant de longues lignes lyriques (qui sont elles-mêmes des boucles) sur un fond de violons en sourdine, activité qui gagne progressivement en vitesse et en volume pour culminer dans la section de va-et-vient débridée qui constitue le pic émotionnel de la pièce. Les harmoniques flottantes, sorte de fantôme désincarné des motifs de va-et-vient de la troisième partie, signalent le début de la quatrième, danse finale des archets sur les cordes, s'achevant par les quatre voix aiguës qui se balancent délicatement sur les harmoniques naturelles de leurs cordes tandis que les violoncelles et la basse assurent un point d'orgue apaisé.
John Adams, avec l'aimable autorisation des Editions Chester.