La thématique du textile, proposée pour cette commande, a évoqué pour moi d’emblée la question du repassage ! Probablement car j’ai vu dans les gestes associés à cette activité un grand potentiel « musico-théâtral ». La vision de 4 personnages en train de repasser sur la scène, a constitué une sorte de situation initiale que j’ai transformée ici en un rituel étrange et fortement teinté d’humour.
D’où le titre qui fait bien sûr référence à Marcel Duchamp qui, le premier, a revendiqué le statut d’objets artistiques à de simples objets quotidiens…
Ces planches à repasser deviennent donc de véritables surfaces instrumentales, propices à l’amplification et au déploiement de gestes mécaniques ou organiques, signifiants ou totalement décalés ; chaque musicien tentant bien sûr de s’approprier ce petit monde à l’aune de ses habitudes : le batteur ne pouvant au final s’empêcher de frapper, le guitariste transformant la planche en une guitare aux sonorités insoupçonnées, le pianiste voyant ici l’ultime occasion d’un clavier sans note, donc sans fausse-note… En réalité, sur les 4 musiciens, il me semblait d’emblée que le violoniste ferait bande à part… car en somme il possède déjà sa « planche » et son « fer », ses gestes de va-et-vient faisant partie intégrante de son vocabulaire quotidien. Ce serait lui, ici, le mauvais coucheur virtuose, contrariant les 3 autres attachés, eux, à découvrir cet étrange objet aux sonorités multiples.