Commandées par la Radio de Hambourg, les Etudes Chorégraphiques furent écrites pour la danseuse Dora Hoyer que son mari, percussionniste accompagnait dans ses tournées. La première version, écrite pour quatre exécutants, fit bientôt place à une seconde version pour six exécutants, destinée aux Percussions de Strasbourg. Placés sur la scène, les exécutants participent à la réalisation scénique par ce que leur jeu même réclame d'engagement corporel et par son aspect spectaculaire.
Convaincu que l'oreille contemporaine a besoin de pouvoir s'évader loin de l'échelle diatonique, et frappé par l'exigence et la sensibilité des noirs d'Afrique et des andalous sur la qualité de leurs instruments, attiré par les immenses possibilités expressives des peaux, par la richesse harmonique des métaux ou la qualité sonore des bois - peu exploitées dans la musique européenne - Ohana, après Varèse et en même temps que nombre de compositeurs des années 55- 60, explore ce matériau sonore, qui tendra à devenir ultérieurement un élément essentiel de son univers musical. Organisée en une succession de séquences contrastantes, les quatre études exploitent de manière systématique, et relativement « naïve » par rapport aux œuvres ultérieures, les aspects mélodiques, rythmiques et surtout harmoniques d'une percussion où les instruments métalliques (gongs et cymbales) jouent un rôle important, leur résonance apportant, ainsi que l'écrit Michel Bernard, « l'élément de libération par rapport à la gradation diatonique ».
Christine Prost, catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Ohana, Revue Musicale, Editions Richard Masse.