Plein-jeu s’inscrit dans un cycle de trois pièces intitulé Jeux et constitué de Hors-Jeu, Jeu et Pleinjeu. Hors-Jeu, pour percussion et électronique, a été réalisée en 2005 à l’Ircam, et Jeu reste à composer.
Si, dans Hors-jeu, les gestes de l’instrumentiste n’avaient, comme son titre l’indique, que peu d’incidence sur l’électronique, dans Plein-jeu c’est le contraire qui se passe. Chaque élément de l’électronique, bien que réalisé en temps différé, est la conséquence d’un geste instrumental, son prolongement.
Par ailleurs, j’avais écrit en 2009 une pièce pour orgue et deux trombones, et la fréquentation de ce premier instrument a laissé des traces. On pourrait dire que, dans Plein-jeu, l’électronique tient le rôle de la registration, le but étant d’entendre une sorte de « méta-accordéon » proche de l’orgue par instants.
Sur le plan formel, Plein-jeu est organisé en deux grandes parties, elles-mêmes structurées en plusieurs variations entre lesquelles sont incrustées des parenthèses, interstices pendant lesquels la musique devient plus violente et bruitée. Chaque parenthèse est une sorte de libération de la tension sonore accumulée et l’on pourrait parler d’orgasme sonore, entre plaisir et douleur.
Pendant toute l’œuvre, les gestes et les matériaux sonores, qui reviennent de manière obsessionnelle et souvent dans le désordre, finissent par se contaminer pour donner naissance à des textures qui se ressemblent de plus en plus.
La « coda » de la pièce, constituée de longues trames, n’est que la conséquence d’une détérioration des multiples situations musicales et des gestes qui auront mis l’auditeur sous tension depuis le début de l’œuvre.
Philippe Hurel.