<p>S’il n’y a pas de visiteur, l’installation continue de créer des micro-montages de musique, d’images et de textes. A la fin d’un micro-montage, l’installation marque un silence. Sur l’écran s’inscrit : « scream please ». Si un visiteur réagit, l’installation adopte un comportement stupide : « the more you scream, the more I get excited ». si un visiteur réagit sept fois consécutives, l’installation devient passive et le visiteur peut faire défiler les vidéos et les sons en utilisant sa voix, pendant une minute. Parfois, l’installation devient sourde pendant un moment, parfois elle donne de faux indices au visiteur, parfois le visiteur réagit sans réaliser qu’il obéit inconsciemment aux stimuli audio.</p><p><a title="" href="http://andrea.cera.free.fr/ac/nr/nrun.htm">http://andrea.cera.free.fr/ac/nr/nrun.htm</a><br /><a title="" href="http://www.panorama5.net">http://www.panorama5.net</a><br /></p><p><em>NightRun</em> est un conflit entre deux « nocturnes » – deux paysages sonores. </p><p>L’un appartient à la mémoire artificielle du monde occidental riche : grillons, bougies, clochettes, poussière d’étoiles, clairs de lune, une note tenue aux violons. <br />Nous avons analysé et déconstruit une série de nuits hollywoodiennes, leurs codes sonores* et leur vocation à nous endormir avec une lumière qui reproduit des obscurités exorcisées et inoffensives.</p><p>Le deuxième paysage nocturne, au contraire, ne reproduit rien. Il s'exprime par négation, il aspire et déforme. C'est l’obscurité dans laquelle parfois nous nous réveillons : de même que l'homme primitif a exploré le silence de la caverne pour y découvrir la présence du prédateur, nous aussi livrons nos oreilles et nos yeux à la nuit. </p><p>L'écoute, organe du guet et de la peur – de l'attente, des pressentiments, mais aussi des sursauts et de l'excitation –, est ici une force morphogénétique qui poursuit, attaque et cherche à démolir les illusions du premier monde, celui d'Hollywood.</p><p>On est au beau milieu de ce champ de guerre : les haut-parleurs servent à en reconstruire la scène, l'écran fonctionne comme un sismographe. Dans la bataille, unis en seul corps hybride, les combattants sont à peine reconnaissables.</p><p>Le musicologue suédois Philip Tagg parle de « musèmes », unités musicales pourvues d'une charge émotionnelle construite sur la base d'une association continue avec des plans extramusicaux. Les racines de cette association peuvent remonter jusqu'à l'époque baroque (« Teoria degli Affetti »).</p><p><em>Extrait du catalogue de Panorama 5.</em><br /></p>