Cette performance prend la suite de plusieurs projets qui questionnent, de façon récurrente, notre rapport à la mort et à la violence, en même temps que leur référence à l’univers du cinéma. Depuis « De front », pièce musicale composée en 1999, je continue de chercher un point d’articulation entre l’incidence des espaces cinématographiques sur nos comportements collectifs et la véracité toute relative à laquelle ils sont supposés prétendre. C’est que le cinéma n’est pas seulement une forme artistique ; par l’étendue de son influence sur nos modes de vie, il agit à la fois comme le catalyseur d’une conscience collective uniforme en même temps, et dans le meilleur des cas, comme une force de proposition, une alternative aux positionnements sociaux conditionnés par le néo-libéralisme.
C’est cette dualité, finalement négative et positive, qui est explorée dans ce projet. En partant de situations archétypiques, directement issues d’espaces filmiques, je tente ici de recomposer un univers dont l’ambiguïté se justifie par une volonté d’agir sur nos espaces mentaux. Agir au contraire de subir, se demander ce qui est réel ou fictionnel, ce qui tient de la provocation ou de l’intensité émotive, tenter de s’approprier la violence sonore et sémantique.
Les espaces textuels de ce projet, dialogues, monologues, en anglais et en français font partie du processus de composition. Je les ai écrits au fur et à mesure de l’élaboration du projet musical et pensés comme des « cadres référentiels » qui viennent interroger notre rapport aux images et à une certaine intimité de la vie.
Les situations proposées par ces textes engendrent des espaces de tension et de réflexion qui vont servir d’impulsion pour la performance musicale. Ces « séquences » servent de fil conducteur, définissent les marges musicales, induisent une distance, ouvrent des zones sensibles que j’ai voulues brutales, extrêmes, à l’image de ce que nous pouvons parfois imaginer, plus rarement, expérimenter… Aussi, toute ressemblance de ces sons, de ces musiques, avec des situations réelles ou fictionnelles est-elle volontairement assumée. Cette musique est vivement déconseillée aux oreilles de moins de 16 ans.
Remerciements : Manuela Agnesini et Christophe Bergon pour leur participation aux enregistrements des textes ; L’équipe de l’IMEB pour son accueil en studio ; Le GRM pour soutenir la création de cette performance ; Le collectif éOle ; Véronique et Simon Jodlowski ; Les cinéastes ayant contribué activement dans le processus de création de cette musique : Stanley Kubrick (Orange Mécanique, Shining,* Full Metal Jacket*), Francis Ford Coppola (Apocalypse Now), Kyochi Kurosawa (Cure), David Lynch (Eraserhead,Sailor & Lulla,Lost Higway,Inland Empire), David Cronemberg (Crash,* A history of violence*), Peter Greenaway (Meurtre dans un jardin anglais), Gus Van Sant (Elephant), Peter Watkins (La Bombe), Chris Marker (La Jetée)… K, X and Y ; FreeSound Project ; La solitude, l’angoisse et certains paradis…