J’ai écrit cette nouvelle œuvre pour l’anniversaire des 30 ans du Quatuor Manfred, quatuor prestigieux au nom célèbre et légendaire. Cette nouvelle partition fait donc résonner la voix de Byron au centre du quatuor, une voix unique aux multiples échos, voix qui n’est pas entendue par l’auditeur mais qui sous-tend l’écriture de la partition. La pièce se construit sur 7 scènes principales du texte, en faisant vibrer pour chaque scène un espace dramaturgique spécifique, une lumière sonore différente et graduée qui commence avec ‘Manfred seul dans la galerie’ jusqu’à la dernière scène, celle de la mort de Manfred. Les 7 extraits du poème de Byron que j’ai choisis sont destinés à habiter le chant intérieur des interprètes du quatuor, ils sustentent la partition mais ne sont pas audibles du public sous forme de parole.
Il s’agit donc bien ici d’un cycle pour quatuor à cordes, et non d’un poème dramatique ou d’une musique à programme. Car on ne peut aborder Manfred sans penser à Schumann ou Tchaïkovski qui ont écrit sur cet argument des partitions imposantes. Le quatuor à cordes est ici pour moi l’instrument sonore idéal, à la fois pur et immatériel, pour évoquer la dramaturgie de Manfred. En formation de quatuor, l’interprétation du texte musical est soumise à l’intelligence musicale de chacun et à l’écoute réciproque et partagée des interprètes. Les quatre instruments du quatuor à cordes forment un seul corps sonore dont les éléments gestuels et timbriques peuvent être particuliers à chacun et/ou communs à tous. Ce qui m’intéresse alors, c’est d’entendre l’interprétation donnée à ce corps sonore partagé où les 4 instruments vont jouer d’une seule voix.
Florence Baschet