Cette œuvre est comme un personnage à deux natures, elle est « duale » (dikhtas), car les natures se contredisent, quoique parfois elles se fondent en rythme et harmonie. Cette confrontation est réalisée dans un flux dynamique variable qui exploite des traits spécifiques aux deux instruments. (Iannis Xenakis.)
Cette pièce se présente en quatre sections enchaînées mais nettement différenciées. La première partie évolue dans une atmosphère très virtuose, exprimée par des lignes mouvantes. La deuxième, plus calme, s'ouvre autour de la note pivot ré. On y retrouve un effet utilisé dans Nomos Alpha pour violoncelle : un battement provenant de deux hauteurs très proches. L'atmosphère évolue ensuite dans une très grande complexité due à la polyrythmie. La troisième partie exploite les glissandi du violon accompagnés par un piano intervenant de façon sporadique. La dernière section s'ouvre par une cadence de piano très virtuose, puis le duo reprend dans une sorte de mouvement perpétuel.
Cette œuvre évolue dans un discours fondé le plus souvent sur des lignes conjointes, se déroulant à différentes vitesses, dans une polyrythmie très complexe allant jusqu'à quatre couches superposées.
Dikhtas, pour violon et piano, a été commandé par la Ville de Bonn, sur invitation de Hans-Jürgen Nagel, conseiller culturel de la Ville de Bonn, pour le trentième Festival Beethoven en 1980.