Day was departing mêle des éléments de danse, de vidéo, de musique et de poésie, et tisse une histoire autour et avec eux. S’inspirant d’images et de fragments de narrations empruntés à la Divine Comédie de Dante (principalement L’Enfer), la pièce présente le monologue imaginaire, intérieur et nocturne, du protagoniste principal (le ténor Vivien Simon) récitant quelques vers extraits de The Love Song of J. A. Prufrock [La chanson d’amour de J. A. Prufrock], un poème de T. S. Eliot pareillement inspiré par Dante.
Tout comme le J. Alfred Prufrock de T. S. Eliot, les états d’âme, le doute, la soif de jeunesse, les souvenirs éthérés de notre protagoniste se développent au fil de la pièce, à la fois musicalement et visuellement, jusqu’à ce que l’obscurité de la nuit s’éclaire enfin de la lumière du matin. (Comme dans L’Enfer de Dante, au matin du dimanche, le soleil brille derrière les montagnes, et Dante et Virgile échappent à l’enfer.) D’un autre côté, à la fin du poème d’Eliot, on assiste à la mort métaphorique de Prufrock, signifiant l’impossibilité de revenir vivant de l’enfer. Que notre protagoniste meure ou non métaphoriquement n’est pas ici la question – ce le sera peut-être dans une prochaine pièce.
La pièce a été rendue possible grâce au soutien de l’Ircam et par un fantastique groupe d’amis artistes dont vous pouvez lire les noms ci-dessus. Je voudrais dire ici combien ce soutien me touche sincèrement en tant que compositrice. C’est une célébration des joies de la collaboration : créer ensemble et en profiter chaque minute.
« Au milieu du chemin de notre vie
Je me retrouvai par une forêt obscure
Car la voix droite était perdue »
Dante, L’Enfer, Chant I
Didem Coskunseven, traduit de l’anglais par Jérémie Szpirglas, note de programme du concert ManiFeste du 12 juin 2021 au CENTQUATRE-PARIS.