Ce diptyque réunit deux pièces contrastées.
La première est une suite de gestes brefs et intermittents, séparés par des silences de durée variable : autant de physionomies musicales caractérisées, dont le devenir semble confié à des processus chiffrés et indéchiffrables. Ce premier volet met en scène au moins cinq de ces figures : des doubles cordes dissonantes, des notes répétées et des traits rapides — fortissimo, des trémolos et des harmoniques — pianissimo. Elles ne sont liées par aucune transition, elles sont simplement juxtaposées, car pour le compositeur « on ne raisonne qu'avec le discontinu ».
Et une figure n'est jamais développée : loin du thème, elle relève plutôt de l' « arabesque », en ce que celle-ci « peut continuellement changer sans pour autant avoir une histoire ».
Le second volet est joué dans un tempo « le plus rapide possible, en précipitant ». Les figures y alternent beaucoup plus vite et sont distinguées par des techniques plus hétérodoxes : pizzicato, glissando, jeu sur la touche ou près du chevalet, avec le bois, et divers trémolos — dont un « transversal » — finement contrôlés par l'archet. La pièce semble finir par épuisement des possibilités vers l'aigu.
Peter Szendy.