Le titre, tout comme le matériau musical, dérive de pièces antérieures du compositeur : Lame (1982) pour violoncelle, Lem (1982) pour contrebasse et Rima (1982) pour piano, elle-même dérivée de ...ed insieme bussarono... (1978). Ce souci d'écrire à partir du matériau préexistant est une constante dans l'œuvre de Franco Donatoni, que ce matériau provienne de ses propres compositions ou d'autres compositeurs tels que Schoenberg ou Stockhausen. Il ne s'agit en aucun cas de citation ni de collage. Utilisant des techniques d'écriture extrêmement précises relevant d'un certain automatisme, le compositeur développe un court extrait de pièce rendant impossible toute identification du modèle.
La contrebasse, instrument central de cette pièce, est accordée de manière tout à fait inhabituelle, ce qui lui donne une couleur étrange. Les instruments donnent des éléments allant de sons pizzicato, produisant des effets de « mécanique de précision », à des traits de virtuosité très intenses en passant par des mouvements désarticulés suggérant de singulières danses plongeant l'atmosphère de cette musique dans un climat nocturne et funèbre. Comme toujours chez Donatoni, la texture musicale fait appel à une très grande virtuosité des interprètes.
Cécile Gilly, note de programme, décembre 1995.