Dans le Septième Quatuor, la gestuelle sonore propre au triptyque des Quatuors n° 5, n° 6 et n° 7 trouve un nouveau champ d’expérience avec l’introduction de trois woodblocks sur lesquels les instrumentistes peuvent frapper. Cet instrument hétérogène par rapport aux cordes constitue, pour le quatuor, un point de référence du « sonbruit ». Hormis les dialogues qui s’établissent entre les instruments du quatuor et les woodblocks, les gestes percussifs des cordes sont parfois tendus vers le frappement de la percussion : ils semblent se transformer sous l’effet de ce mimétisme, ce qui est peut-être une des significations du titre de l’œuvre « Veränderungen » (Transformations). Utilisés à l’ouverture de l’œuvre, les woodblocks le sont surtout au cours de trois grandes séquences dontla dernière est très significative : pendant une importante cadence du violoncelle, le woodblock égrène des percussions discrètes puis il réagit aux modes de jeu du violoncelle et les imite ; ainsi, des trémolos rapides sont stylisés par une soudaine accélération des frappements. À l’inverse, un solo de woodblock qui se termine en un diminuendo de sons espacés donne naissance à des pizzicati ppp au timbre analogue. Rihm instaure aussi des duos et des solos instrumentaux. Ces derniers sont centrés chacun sur une note polaire du quatuor (fa dièse, do dièse), qu’ils répètent avec différents modes de jeu, qu’ils colorent de micro-tonalité, autour de laquelle ils tournent et dont ils s’éloignent. La gestuelle sonore du quatuor participe aussi à une gestique de l’œuvre et lui donne une dimension théâtrale cohérente avec l’engagement contemporain du compositeur dans des partitions opératiques : il travaille alors à Die Hamletmaschine (1983-1986) d’après une pièce de Heiner Müller.
Bernard Fournier, concert du 18 janvier 2012, Cité de la musique.