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évènements
Court-circuit
Type
Concert
Lieu de représentation
Ircam, Espace de projection (Paris)
durée
28 min
date
17 juin 2023
note de programme
Court-circuit

enregistrement audio © Ircam - Oscar Ferran

Sources rayonnantes est une pièce pensée, élaborée et composée à partir des notions d’espace physique et d’espace virtuel. La disposition des instruments dans la salle de concert, ici l’Espace de projection de l’Ircam, est le point de départ du voyage et du rayonnement des sons dans l’espace. Ainsi les deux parties, instrumentale et électronique, sont écrites en relation directe avec cet espace, dans une sorte d’« orchestration de l’espace »: l’électronique immersive et le système de diffusion ambisonique qui équipe cette salle augmentent et éclatent l’espace sonore. Les deux parties ont été pensées comme une partition unique, elles sont interdépendantes et ne peuvent exister séparément puisque c’est de leur superposition qu’émerge le résultat sonore/musical de la pièce. L’électronique peut se comporter comme une extension timbrique et spatiale des instruments pour dépasser leurs limites propres, mais aussi être génératrice de structures musicales. Si une part du matériau électronique provient de sons instrumentaux, l’électronique a un développement et une articulation équivalents et souvent même plus élaborés que la partie instrumentale, grâce à l’utilisation de différents types de processus. Elle permet entre autres de faire voyager le son, de créer des masses sonores dans l’espace grâce aux synthèses granulaires et concaténatives ou aux synthèses spatiales (synthèses réalisées en fonction directe de la position du son dans l’espace). Elle produit aussi des accélérations rythmiques extrêmes qui peuvent par exemple transformer un rythme en hauteur – un procédé utilisé de manière récurrente dans la pièce.
Le détail de l’écriture de l’électronique, réalisée entièrement en temps réel, a été rendu possible grâce à l’utilisation de la librairie AntesCollider, un système dynamique de synthèses, traitements et analyses qui combine le langage de programmation synchrone Antescofo, développé à l’Ircam par Jean-Louis Giavitto, et le moteur de synthèse audionumérique SuperCollider.
La synchronisation entre les parties instrumentale et électronique est assurée par un système de suivi de geste : Gesture Follower développé par l’équipe Interaction son musique mouvement (ISMM) de l’Ircam et implémenté par Serge Lemouton. Ce système, qui s’appuie sur de l’apprentissage machine, permet à l’ordinateur de suivre les gestes du chef l’orchestre en analysant et comparant les données issues d’un capteur (capteur R-IoT 9 axes qui mesure les mouvements en 3D) avec un enregistrement de gestes réalisé au préalable par le même chef. Cette technique permet non seulement de savoir à quel instant de la partition se trouve le chef, mais aussi d’inférer le tempo de la battue du chef pendant le déroulement de la pièce. C’est donc le tempo du chef qui est directement utilisé par le langage temporel Antescofo pour définir la vitesse d’exécution des événements électroniques. Lesquelles, grâce à leur génération en temps réel, s’adaptent au temps musical comme tout autre pupitre de l’orchestre.
En dépit de ces considérations sur son mode d’écriture, la pièce s’articule de façon assez intuitive.
Le son lui-même guide le discours musical et aucun système ou concept compositionnel n’est utilisé au préalable. Ce qui permet, selon moi, de donner au son la liberté de se déplacer d’un endroit à un autre, spontanément et sans contrainte.
Sources rayonnantes est un hommage aux peuples originaires d’Amérique du Sud, à leurs traditions ancestrales, à leurs cosmologies et leurs rapports à l’environnement. Ainsi qu’aux hommes et femmes médecins qui, des millénaires durant, ont soigné les habitants de leurs tribus accompagnés de leurs chants et de leurs musiques, ainsi que de leurs visions et croyances en le monde des esprits. La pièce propose comme un voyage imaginaire dans ce monde mystérieux et inconnu.
José Miguel Fernández


Court-circuit

Cette soirée fait la part belle aux écritures italiennes à travers trois générations d’artistes, de Luciano Berio, disparu il y a vingt ans, à Matteo Gualandi né en 1995. Entrelacs du monde instrumental et électronique, les « tresses incorporées » de Lara Morciano sont devenues une pièce de répertoire mixte pour les flûtistes. Dans sa création, le compositeur chilien José Miguel Fernández réalise quant à lui l’interaction fine entre les gestes du chef d’orchestre, le langage de programmation et les stratégies de synchronisation offerte par la reconnaissance gestuelle. Matteo Gualandi concentre toute la poétique sonore dans un cycle de miniatures de chambre, Fleurs de sang et de rosée. Enfin Berio et son Thema élaboré à partir du chapitre des Sirènes d’Ulysse de Joyce, réussit une synthèse magistrale entre le mot, la voix de Cathy Berberian et l’électroacoustique. Les onomatopées et les sonorités du texte foisonnent : « Imperthnthn thnthnthn » apparenté aux trilles, « Chips piching Chips » au staccato. Significations musicales et textuelles se confondent et se répondent, dans une économie de matériau rare et enthousiasmante.

Œuvre de

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