Yves Chauris s’initie enfant au piano et à l’improvisation. Il mène par la suite ses études au Conservatoire national de musique et de danse de Paris, où il obtient trois Premiers prix et dont il sort diplômé en 2005. Il effectue par la suite deux résidences, l’une à la Casa de Velázquez de 2008 à 2010, l’autre à la Villa Kujoyama en 2011. Il tirera de cette seconde résidence le quatuor à cordes Shakkei qui prend pour point de départ le son caractéristique des cigales japonaises. Il est détenteur de plusieurs prix dont le prix Fondation Francis et Mica Salabert 2005, le prix Pierre Cardin 2008 pour la composition musicale et le prix Hervé Dugardin 2019 de la Sacem.
Ses œuvres sont interprétées notamment par SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, le BBC National Orchestra of Wales, les Siècles, l’Orchestre National de France, l’Orchestre National d’Ile de France, des ensembles tels que l’Intercontemporain, l’Itinéraire, Atmusica, Sillages, par des solistes et chefs tels que Jean-Guihen Queyras, Bertrand Chamayou, Jean-Frédéric Neuburger, Nicolas Hodges, François-Xavier Roth, Pablo Heras-Casado, Nicholas Collon, à New York Carnegie Hall, Concertgebouw d’Amsterdam, Ars Musica Bruxelles, Festival Présences de Radio-France, Musica Strasbourg, la Philharmonie de Paris ou encore Donaueschinger Musiktage.
Ses œuvres entretiennent un rapport ténu à la poésie, notamment celle de Stéphane Mallarmé dans Solitude, récif, étoile pour piano et ensemble (2002) et de Paul Celan dans Entre toujours et jamais pour orchestre (2005). Les travaux d’Yves Chauris pensent avant tout l’espace, la directionnalité, en laissant une place importante au silence. En témoigne la pièce Why so quiet (2015) pour grand orchestre, une traduction du titre de l’essai Pourquoi si calmes du poète André du Bouchet, qui évoque le silence inhabituel qui précède un tremblement de terre. La propagation des sons est centrale à la partition : les six percussionnistes y sont placés en périphérie de l’orchestre afin « d’ouvrir au maximum le champ sonore ». Dans R.FL.TS D.NS L’… (2021), relecture de Reflets dans l’eau de Debussy, qui explore le mythe de Narcisse, l’ensemble instrumental se divise en deux groupes miroirs implantés sur des scènes indépendantes, le piano soliste est quant à lui dédoublé — le pianiste jouant sur deux pianos placés perpendiculairement. Ainsi se produit un « dédoublement permanent du soliste par le timbre, l’accord, la couleur ». Cette diffraction du son est encore renforcée par deux pianos droits placés aux extrémités de la salle. L’œuvre est créée, au côté de pièces de Yann Robin et Brice Pauset, en septembre 2021 à la Philharmonie de Paris.