Parallèlement aux Játékok, Kurtág a également transcrit pour piano à quatre mains des œuvres qui lui paraissent particulièrement importantes. La liste des noms embrasse pratiquement toute l'histoire de la musique européenne : Machaut, Schütz, Frescobaldi, Purcell, Bach, Haydn, Moussorgsky, Bartók. La valeur pédagogique de ces transcriptions n'est nullement négligeable, car il s'agit d'oeuvres avec lesquelles l'étudiant en musique n'a guère que des contacts sporadiques. Mais leur signification réside plutôt dans le fait qu'elles s'élèvent au rang de véritables compositions ; ce qu'elles nous présentent, c'est leur lecture par Kurtág, sur un autre médium. Une lecture personnelle, qui révèle un nouveau visage de ces oeuvres, car la sonorité du piano leur ouvre de nouvelles dimensions : une lecture qui attire l'attention sur l'importance des registres où apparaissent les composantes d'une structure musicale. Dans les transcriptions de Kurtág, le piano est l'instrument polyphonique idéal – il réalise un certain idéal sonore. Et si les Játékok nous enseignent à faire de la musique et à réfléchir sur la musique, les transcriptions nous auront appris à l'écouter autrement.
András Wilheim.