Frédéric Durieux (1959)

So schnell, zu früh (1993)

in memoriam Dominique Bagouet, pour soprano, ensemble instrumental et dispositif électronique en temps réel

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 1993
    • Durée : 18 mn
    • Éditeur : Jobert, Paris, anciennement éditions Henry Lemoine
    • Opus : 13
    • Commande : Ircam
    • Dédicace : à la mémoire de Dominique Bagouet
    • Livret (détail, auteur) :

      Michael Franck, tiré de la cantate Ach wie flüchtig, ach wie nichtig BWV 26 de Johann Sebastian Bach.

Effectif détaillé
  • soliste : soprano solo
  • 2 flûtes, hautbois, 2 clarinettes, cor, trompette, trombone, 2 percussionnistes, piano (aussi célesta), clavier électronique/MIDI/synthétiseur, 2 violons, 2 altos, 2 violoncelles

Information sur la création

  • Date : 10 décembre 1993
    Lieu :

    Paris, Ircam, Espace de projection


    Interprètes :

    Sharon Cooper : soprano, Ensemble intercontemporain, direction : David Robertson.

Information sur l'électronique
Information sur le studio : Ircam
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Leslie Stuck
Dispositif électronique : temps réel (station d'informatique musicale, échantilloneur, spatialisation et amplification)

Observations

Enregistrement : CD monographique IRCAM/Adès-MFA; Sharon Cooper, Ensemble intercontemporain, direction David Robertson, technique Ircam.

Titres des parties

  1. Introduction (rapide, véhément/rapide, un peu plus lent)
  2. Ach wie flüchtig 1 (flottant/flexible)
  3. Interlude 1 (lent flexible, puis senza tempo)
  4. So schell (soutenu, très mobile/un peu plus lent, très soutenu)
  5. Interlude 2 (sombre, lent rapide, flamboyant cassant, véhément)
  6. Wie leichtlich entstehen verzehrende Gluten (allant/modéré)
  7. Ach wie flüchtig 2 (calme, dénudé/vif, décidé)
  8. Conclusion (très lent, mystérieux, puis senza tempo)

Note de programme

So schnell, zu früh enchaîne huit sections d'un seul tenant qui se divisent comme ci-dessus.

Les parties en allemand correspondent à celles où la chanteuse intervient, les autres demeurent strictement instrumentales.

D'une certaine façon, So schnell, zu früh est une extension de Devenir. J'ai bénéficié d'une expérience acquise avec Leslie Stuck, assistant musical à l'Ircam, pour développer et étendre les enjeux que je me suis fixés lorque je mélange les sons électroniques à ceux de la lutherie traditionnelle. Complémentarité ou diffraction, homogénéité ou dérivés sont les bases de ma recherche. Je ne vise aucune confrontation, mais bien une polyphonie de structures et de timbres, que l'électronique et l'acoustique déclinent chacun selon ses propres critères et qualités intrinsèques. Chacun à son tour domine, se complémente ou s'oppose. La spatialisation par haut-parleurs disposés autour du public révèle alors les différentes couches tout en reliant les événements.

L'écriture vocale reste volontairement dans le domaine d'un chant qui entoure le texte (mélismes de So schnell par exemple) ou l'énonce plus clairement (monosyllabisme de Ach wie flüchtig 1 et 2). Seuls les deux derniers vers sont parlés, avant que l'œuvre ne s'achève dans le silence.

La forme globale est un parcours linéaire, de la déflagration initiale à la suspension finale, où quelques éléments de figuration réapparaissent, transgressés, comme une réminiscence brouillée. J'ai, pour cette œuvre, priviliégié l'instant et l'articulation à un schéma trop pré-établi qui ne me semble pas correspondre à l'envie d'une variation évolutive de tous les paramètres d'écriture, au long du parcours de l'œuvre. La recherche d'un devenir infini est certainement un aspect de mon travail actuel.

En exergue à la partition figure la dédicace à Dominique Bagouet où je cite le passage de Michel de Montaigne se remémorant Etienne de la Boétie :

« Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitités, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes l'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle elles se mêlent et se confondent l'une en l'autre, d'un mélange universel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « parce que c'était lui, parce que c'était moi. » Essais I, XXVIII

Je remercie chaleureusement Leslie Stuck et Sharon Cooper pour leur patiente et précieuse collaboration.

Frédéric Durieux

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