Commande de l’Ensemble intercontemporain, Cadeau fut composé en 1984 pour le soixantième anniversaire de Pierre Boulez. L’œuvre est écrite pour petit orchestre comprenant vents, harpe et percussions. Le chiffre 2 semble occuper une place singulière dans cette composition. L’effectif instrumental est constitué de deux sous-groupes : les vents d’un côté, la percussion (avec la harpe) de l’autre. Chacun de ces groupes aura droit à un traitement particulier. Les instrumentistes eux-mêmes sont disposés par deux (hautbois 1 et 2, xylorimba et vibraphone, etc.) et, très fréquemment, deux couples d’instruments s’opposent. Il existe, par exemple, une symétrie fondamentale entre les deux hautbois, d’une part, et les deux bassons d’autre part. Cette symétrie donnera lieu à un jeu incessant d’attractions et de répulsions entre les instruments. Lorsque, par moments, cette symétrie disparaît, les antagonistes évoluent du mouvement contraire rigoureux jusqu’au contrepoint rythmique complémentaire en passant par une gamme de déphasages. Quant au vaste arsenal d’ornements mélodiques utilisés dans l’œuvre, il compte en réalité un bon nombre de mêmes ornements dédoublés dans deux échelles différentes : à chaque ornement « en grand » correspond sa réplique « en petit ». Ainsi la cellule rythmique « brève-longue » rejoint l’acciacatura ; les notes répétées : le flatterzunge, et les broderies : le mordant. Il n’est pas surprenant que Cadeau s’articule en deux sections.