Matteo Franceschini (1979)

Visions (2024)

pour mezzo-soprano, ensemble et électronique sur les textes de William Blake

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2024
    • Durée : 18 mn
    • Éditeur : Ricordi
    • Commande : Ircam-Centre Pompidou, ensemble Multilatérale, Milano Musica, avec le soutien de la Sacem
    • Dédicace : à Leonardo. Remerciements à Christian Gangneron pour ses conseils avisés dans la construction dramaturgique de cette pièce.
    • Livret (détail, auteur) :

      William Blake

Effectif détaillé
  • soliste : mezzo-soprano
  • flûte (aussi flûte piccolo, flûte alto), clarinette (aussi clarinette basse), percussionniste, piano (aussi clavier électronique/MIDI/synthétiseur), violon, alto, violoncelle

Information sur la création

  • Date : 22 mai 2024
    Lieu :

    Italie, Milan, Pirelli HangarBicocc, festival Milano Musica


    Interprètes :

    Laura Muller, mezzo-soprano ; Ensemble Multilatérale ; Léo Warynski, direction

Information sur l'électronique
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Manuel Poletti (réalisation informatique musicale, Ircam)
Dispositif électronique : dispositif électronique non spécifié

Note de programme

Graveur, dessinateur, peintre et poète, William Blake demeure l’une des plus célèbres et surtout la plus secrète figure du romantisme anglais. Son style halluciné et moderne le distingue de ses pairs. Depuis quelque temps, je m’intéresse à son œuvre, un véritable et perpétuel dialogue entre l’image et le verbe. Qu’il dessine ou qu’il grave, Blake le fait en poète, et quand il écrit ses poèmes, c’est pour donner une voix à ses visions.
L’œuvre de Blake est marquée d’une certaine intemporalité. Bien qu’elle soit le produit et le miroir d’une époque, elle renferme des valeurs universelles qui la sauvent de l’usure du temps. On la lit et relit non uniquement pour ses qualités littéraires et esthétiques, mais aussi parce que ses thèmes n’ont pas vieilli. L’amour, la mort, la religion, la misère humaine, l’angoisse existentielle, les relations interpersonnelles sont des thèmes de tous les temps.
En travaillant principalement sur les recueils de poèmes Songs of Innocence et Songs of Experience, j’ai développé un voyage visionnaire conçu comme un outil de construction de soi-même, où la mémoire, les souvenirs, la foi et la superstition, fusionnent et se mêlent à la soif de connaissance.
La partition de Visions plonge le spectateur dans un monde où tout se dédouble, se multiplie et s’interroge. Tout réside dans l’opposition des contraires : attraction et répulsion, raison et imagination, amour et haine. Un parcours qui va de l’initiation à l’approfondissement des connaissances et dans lequel l’accent est mis sur l’apprentissage, le développement, la transformation.
Visions est fondée sur l’inéluctable et nécessaire réécriture des souvenirs dans laquelle demeure notre quotidien. Dans cette quête d’évolution, dans la construction de notre avenir et dans la conscience d’un héritage que nous transmettons à travers notre mémoire, j’ai souhaité mettre au centre la voix en travaillant avec des outils technologiques de transformation vocale. Ces dispositifs sont régulièrement questionnés sur leur impact qui apparemment nuirait à la spontanéité et à l’authenticité des interprétations. Si on considère l’erreur comme puissant levier d’apprentissage, ces traitements créent des résultats sonores singuliers et uniques qui nourrissent le processus d’écriture.
Au travers des récits de Blake, j’ai souhaité explorer les émotions de « rigueur », « contrôle », « constance », « obsession », et creuser la recherche de perfection à tout prix, les limites de l’authenticité et la manière dont les progrès technologiques façonnent notre perception. L’objectif que souvent nous poursuivons en permanence est l’application rigoureuse d’une méthode et la réalisation d’actions parfaitement exécutées, sans défaut, dans lesquelles la place du regard des autres est primordiale. Un simple changement de perspective de ces acquis et certitudes, permet d’exprimer une forme de créativité sans contraintes, d’accepter l’imperfection et de viser le progrès.

Matteo Franceschini, note de programme du concert ManiFeste du 13 juin 2024 dans la Grande Salle du Centre Georges Pompidou.

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