Jérôme Combier (1971)

The Great Disaster (2023)

pour ensemble

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2023
    • Vidéo, installation (détail, auteur) : Marc Lainé : adaptation
    • Durée : 50 mn
    • Commande : Ircam-Centre Pompidou
    • Livret (détail, auteur) :

      Patrick Kermann

Effectif détaillé
  • clarinette, piano, accordéon, 2 violons, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 21 mai 2024
    Lieu :

    France, Reims, Comédie, Grande salle


    Interprètes :

    Clément Cerles, ingénierie sonore Ircam.

Information sur l'électronique
Dispositif électronique : spatialisation (dôme ambisonique)

Observations

Œuvre composée pour la série Musiques-Fictions de l’Ircam

Note de programme

Le 14 avril 1912 à 23h40, le Titanic sombre avecvà son bord Giovanni Pastore, chargé de nettoyer les 3177 cuillères à dessert pour les passagers de première classe. Giovanni a toujours été l’immigré, l’homme à tout faire. Descendu de ses montagnes du Frioul, il s’était enfin trouvé une « bonne place » sur le Titanic. Sous les flots après le naufrage, dans l’imagination de l’écrivain Patrick Kermann, le navire raconte toujours la même histoire : la terre et l’enfance perdues, le sort des troisièmes classes jamais comptabilisées, les laissés-pour-compte de toutes les nations qui espéraient gagner la terre promise du travail offert. Dans cette histoire du grand désastre et des petits désastres, la musique de Jérôme Combier fait entendre tout un monde lointain et englouti, vivant et fantomatique.


Un homme parle depuis les abysses. Giovanni Pastore est italien. Il s’est embarqué à bord du Titanic où il n’aura travaillé que 4 jours dans la salle du grand restaurant. Qu’y faisait-il exactement ? D’où venait-il ? Et pourquoi nous parle-t-il encore aujourd’hui ? Son dernier souffle a sans doute produit quelques jolies bulles dans l’eau glacée avant qu’il ne soit englouti avec des centaines d’autres dans le naufrage du Titanic. Mais sa voix résonne encore, bouleversante, et avec elle, celles de milliers d’autres laissés pour compte. Giovanni Pastore a la passion des chiffres. Il les égrène et cette obsession est aussi celle de ce siècle commençant qui se croit invulnérable. Giovanni Pastore compte les petites cuillères du restaurant, les cheminées du paquebot, les chaudières, les caisses de noix, les pianos et les morts… Cette Musique-Fiction propose une plongée dans le passé, invite à s’immerger dans ce tourbillon poétique et dans les sons qu’on croirait échappés du paquebot. Il y a le son du vent et des glaciers menaçants, le bruit des machines et le son, venu des abysses, de cet orchestre qui dit-on, aura joué jusqu’à l’ultime fin alors que le bateau sombrait définitivement. « Great disaster » était le titre du Times à Londres en date du 16 avril 1912. Cela fera exactement 160 années, dans la nuit du 14 au 15 avril 2022, que le paquebot de la White Star Line aura sombré.

Jérôme Combier et Marc Lainé, note de programme du concert ManiFeste des 5, 6 et 7 juin 2024 à l'Espace de projection.