Omer Barash (1995)

G.N.Z. (2023)

pour voix et électronique

œuvre électronique, Ircam
Cursus Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2023
    • Durée : 11 mn
    • Dédicace : à Ori Kinberg, avec toute mon amitié
    • Livret (détail, auteur) :

      fragments de manuscrits (non datés et signés) issus de la Taylor-Schechter Cairo Genizah Collection de la Bibliothèque de l’Université de Cambridge, avec l’aimable traduction de Michel Garel

Effectif détaillé
  • voix soliste non spécifiée

Information sur la création

  • Date : 21 septembre 2023
    Lieu :

    France, Paris, Ircam, Espace de projection


    Interprètes :

    Benjamin Alunni, voix

Information sur l'électronique
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Claudia Jane Scroccaro (encadrement pédagogique Ircam)
Dispositif électronique : dispositif électronique non spécifié

Note de programme

D’où vient le titre de votre pièce, G.N.Z. ?

C’est la racine hébraïque qui désigne le fait de dissimuler, d’écarter, de masquer. Cela a un rapport direct avec la pièce, puisque je me sers de textes qui ont été retrouvés dans la fameuse Guenizah du Caire. Le mot « Guenizah », qui signifie « grenier », dérive de G.N.Z. : à la fin du XIXe siècle, dans le grenier de la synagogue Ben Ezra du Caire, on a retrouvé des centaines de milliers de manuscrits de toutes sortes, certains remontant à 870 ! La loi juive interdit de jeter ou détruire tout document pouvant invoquer le nom de Dieu : on doit les enterrer, ou à défaut les entreposer. C’est ce qui s’est passé ici. Parmi ces fragments plus ou moins dégradés, on trouve pêle- mêle du sacré et du profane, des poèmes, des listes de course ou des exercices d’écriture !

C’est dans ce trésor que vous avez choisi vos textes ?

Oui : deux textes anonymes et non datés. Le premier est un poème dont ne nous est parvenue que la moitié de chaque vers : le sujet est donc très énigmatique, mais son aura est puissante et je peux à mon aise en combler les lacunes. Le second est une poésie rimée qui, décrivant une situation homoérotique avec des images quasi contemporaines, me touche grandement. Ces textes me permettent un travail sur le thème de l’identité, y compris l’identité gay.

Comment cela s’exprime-t-il ?

D’abord, j’explore le falsetto et les modes vocaux atypiques avec le ténor Benjamin Alunni, créateur de la pièce. Ensuite, je réinvestis un logiciel de transposition vocale développé par Frederik Bous au sein de l’équipe Analyse et synthèse des sons de l’Ircam. S’appuyant sur des algorithmes d’apprentissage machine, ce programme a l’effet secondaire fascinant de métamorphoser l’identité vocale du chanteur, créant ainsi comme une personnalité virtuelle. D’autre part, comme pour rappeler la Guenizah, j’accompagne la voix de Benjamin d’un chœur virtuel aux textures hétérophoniques, qui rappelle les fidèles psalmodiant dans une synagogue.

Entretien avec Jérémie Szpirglas, note de programme du concert Cursus du 21 septembre 2023 à l'Espace de projection.