Quelle « recherche » est-elle à l’œuvre dans Ricercar ?

Le titre est un clin d’œil au Ricercar a 6 de l’Offrande musicale de Bach, mais reflète aussi une démarche compositionnelle engagée avec Musica Verde, créée par Court-circuit en 2022. Ce travail, que j’ai fini par qualifier, avec plus d’humour que de prétention, « musique verte » naît du recyclage d’objets, soit trouvés, soit intentionnellement préétablis, et s’élabore via des processus de décomposition et de contraintes, telle une sculpture qui naît à partir d’un monolithe soumis aux burins, maillets, marteaux et poinçons du sculpteur. Une écriture par soustraction plutôt que par accumulation ou ajout. Ce n’est donc pas de la simple citation : le matériau originel est soumis à des procédés abrasifs pour s’incarner en un matériau original et neuf, qui a certes des rapports avec l’ancien, mais allégé des cicatrices et du poids de sa vie précédente.
Pour cette pièce, j’avais d’abord pensé au titre Psephos (du grec « caillou usé », qui a donné le mot arabe « Fousaifous’a », « mosaïque »), mais Ricercar exprime bien ce processus de chercher de la nouveauté dans des objets trouvés. Chercher des issues à un labyrinthe ou, tout simplement, chercher à se trouver.

En quoi l’accordéon se prête-t-il à cette recherche ?

L’ambitus des timbres et des couleurs qu’il offre peut nous faire voyager du son de l’harmonium aux sons de synthèse. D’autre part, les qualités de Vincent Gailly ne s’arrêtent pas à sa virtuosité. Son goût pour la création et la musique ancienne l’a amené à fonder Le Printans, ensemble qui mêle instruments modernes et historiques. Nos affinités avec le répertoire ancien ont d’ailleurs été un moteur de cette collaboration. Je me suis toujours intéressé aux fusions fonctionnelles de vocabulaires musicaux, aux jeux de références culturelles et de citations de diverses natures, en remeublant la « tabula rasa » et en dépoussiérant certains bibelots, qu’une époque heureusement révolue avait rendus tabous.