José-Miguel Fernández (1973)

Sources rayonnantes (2023)

pour ensemble spatialisé de 12 instruments et électronique immersive en temps réel

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2023
    • Durée : 23 mn env
    • Commande : Ircam-Centre Pompidou, avec le soutien de la Sacem
Effectif détaillé
  • flûte, hautbois, clarinette, basson, 2 cors, trompette, trombone, violon, alto, violoncelle, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 17 juin 2023
    Lieu :

    France, Paris, Ircam, Espace de projection


    Interprètes :

    Anne Cartel, flûte ; Alexandra-Greffin-Klein, violon ; Frédéric Baldassare, violoncelle ; Ensemble Court-Circuit ; Jean Derroyer, direction ; Jérémie Bourgogne, ingénieur du son.

Information sur l'électronique
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Serge Lemouton, José-Miguel Fernandez
Dispositif électronique : temps réel, spatialisation (système Ambisonic HOA ordre 7, AntesCollider, Gesture Follower, Ambitools)

Note de programme

Sources rayonnantes est une pièce pensée, élaborée et composée à partir de la notion d’espace physique et d’espace virtuel. La disposition des instruments dans la salle de concert, ici l’Espace de projection de l’Ircam, est le point de départ du voyage et du rayonnement des sons dans l’espace. Ainsi les deux parties, instrumentale et électronique, sont écrites en relation directe avec cet espace, dans une sorte d’« orchestration de l’espace » : l’électronique immersive, et le système de diffusion Ambisonic qui équipe cette salle, augmentent et éclatent l’espace sonore. Les deux parties ont été pensées comme une partition unique, elles sont interdépendantes et ne peuvent exister séparément puisque c’est de leur superposition qu’émerge le résultat sonore/musical de la pièce. L’électronique peut se comporter comme une extension timbrique et spatiale des instruments pour dépasser leurs limites propres, mais aussi être génératrice de structures musicales propres.

Si une part du matériau électronique provient de sons instrumentaux, l’électronique a un développement et une articulation équivalents et souvent même plus élaborés que la partie instrumentale, grâce à l’utilisation de différents types de processus. Elle permet entre autres de faire voyager le son, de créer des masses sonores dans l’espace grâce aux synthèses granulaires et concaténatives ou aux synthèses spatiales (synthèses réalisées en fonction directe de la position du son dans l’espace). Elle produit aussi des accélérations rythmiques extrêmes qui peuvent par exemple transformer un rythme en hauteur — un procédé utilisé de manière récurrente dans la pièce.
Le détail de l’écriture de l’électronique, réalisée entièrement en temps réel, est possible grâce à l’utilisation de la librairie AntesCollider, un système dynamique de synthèses, traitements et analyses qui combine le langage de programmation synchrone Antescofo, développé à l’Ircam par Jean-Louis Giavitto, et le moteur de synthèse audionumérique SuperCollider.
La synchronisation entre les parties instrumentale et électronique est assurée par un système de suivi de geste : Gesture Follower développé par l’équipe ISMM de l’Ircam et implémenté par Serge Lemouton. Ce système, qui s’appuie sur de l’apprentissage machine, permet à l’ordinateur de suivre les gestes du chef l’orchestre en analysant et comparant les données issues d’un capteur (capteur RiOT 9 axes qui mesure les mouvements en 3D) avec un enregistrement de gestes réalisé au préalable par le même chef. Cette technique permet non seulement de savoir à quel instant de la partition se trouve le chef, mais aussi d’inférer le tempo de la battue du chef pendant le déroulement de la pièce. C’est donc le tempo du chef qui est directement utilisé par le langage temporel Antescofo pour définir la vitesse d’exécution des événements électroniques. Lesquelles, grâce à leur génération en temps réel, s’adaptent au temps musical comme tout autre pupitre de l’orchestre.
En dépit de ces considérations sur son mode d’écriture, la pièce s’articule de façon assez intuitive. Le son lui-même guide le discours musical et aucun système ou concept compositionnel n’est utilisé au préalable. Ce qui permet, selon moi, de donner au son la liberté de se déplacer d’un endroit à un autre, spontanément et sans contrainte.

Sources rayonnantes est un hommage aux peuples originaires d’Amérique du sud, à leurs traditions ancestrales, à leurs cosmologies et leurs rapports à l’environnement. Ainsi qu’aux hommes et femmes médecin•e•s qui, des millénaires durant, ont soigné les habitants de leurs tribus accompagnés de leurs chants et de leurs musiques, ainsi que de leurs visions et croyances en le monde des esprits. La pièce propose comme un voyage imaginaire dans ce monde mystérieux et inconnu.

Remerciements :

  • Jean-Louis Giavitto pour ses conseils et le développement du langage synchrone Antescofo
  • Serge Lemouton pour son aide et développement du suivi de geste
  • Pierre Lecomte pour son travail et aide sur Ambitools
  • Frédéric Bevilacqua et l’équipe ISMM
  • L’ensemble Court-Circuit et Jean Deroyer pour le travail sur la captation gestuelle
  • Jérémie Bourgogne et tout l’équipe de la production de l’Ircam
  • La direction artistique de l’Ircam qui m’a permis de réaliser ce projet

José Miguel Fernández, note de programme du concert ManiFeste du 17 juin 2023 à l'Espace de projection de l'Ircam.

Documents