Henri Michaux est un poète qui m’inspire beaucoup dans mes démarches.
Pour la pièce que Mora Vocis a interprété en décembre 2018 dans le cadre du festival Manca, il s’agit d’un travail sur le geste de parole. Jouer avec le son est un texte du poète qui me servira comme prétexte pour la composition de la pièce.
Le processus est fondé sur la modélisation des émotions que les mots dégagent, plutôt qu’une simple mise en musique ou mise en chant du texte. Dans ce sens je cherche à exprimer à travers la musique, la sémantique des gestes qui est située au-delà du sens premier des mots.
Ce propos est tout à fait cohérent avec le discours du poète sur le langage. Henri Michaux n’hésite pas à exprimer sa frustration du fait que les mots soient emprisonnés dans ce qu’on nous apprend et qu’on voudrait nous imposer. Pour lui le langage réduit les êtres et les choses, impose au monde une grille, fige les significations et les identités.
La pièce pour cinq voix et électronique est une tentative de transformer le signifié au signifiant et vice versa.
L’aspect technique de la pièce repose sur la reproduction des phonèmes dans l’environnement OMChant, une librairie développée par Marco Stroppa et Jean Bresson. OMChant permet de générer des sons à partir de la synthèse formantique. Le son produit ressemble beaucoup à la voix humaine mais avec des capacités surhumaines bien sûr.