La nature est constamment en évolution, en changement, en destruction et en renaissance. De la même manière, cette pièce évolue dans un combat livré entre la perte du contrôle des sonorités bruitées et le contrôle des sons harmoniques du violon. Ces états de stabilité et d’instabilité sont constamment en crise dans cette pièce et leur contamination réciproque produit un flux de sons distordus, de défauts incontrôlables.
À travers différents processus des probabilités de Markov, la machine participe à cette contamination en évolution, en choisissant ses propres chemins, tout en gardant des rapports étroits avec le soliste. Ces séquences évoluent à des vitesses différentes, en générant une poly-temporalité, ainsi qu’une élasticité du temps. Elles agissent également sur les traitements et sur la spatialisation du son, produisant un travail de musique de chambre et d’orchestre qui se trouve constamment en mouvement.
L’interaction entre l’interprète et la machine est approfondie à travers les gestes de l’archet du violon. Ils deviennent une sorte d’excitateur qui déclenche une turbulence, un magma incontrôlable et sauvage qui se révèle, en opposition au jeu traditionnel et humain du violon. Un flux quitraverse l’indomptable océan du temps où les divers états s’organisent, s’opposent, se succèdent, s’étirent, se tordent et se mêlent.
Javier Muñoz.
Note de programme du Concert Cursus du 20 juin 2017 au Centquatre, dans le cadre du festival ManiFeste.