Le quatuor à cordes d’Anima est augmenté au moyen d’un ensemble de transducteurs1 mobiles qui transforment les instruments en agents actifs de projection acoustique. À la manière de stéthoscopes à l’écoute des secrets du corps, les interprètes déplacent ces transducteurs d’un endroit à l’autre de la surface de leur instrument, des ouïes à la touche, du dos au chevalet, insufflant des sons animés au coeur de ces objets inanimés. À mesure que l’oeuvre se développe, ces stéthoscopes sonores migratoires se mêlent à un enchaînement volatile de feedback sonore2, menaçant de prendre le dessus sur les virtuoses qui les manipulent. De telles stratégies soulèvent des questions troublantes concernant les instruments. Sont-ils des golems : de simples monceaux d’argile qu’une incantation éveille à la vie ? Ou des monstres de Frankenstein : destinés à prendre le pouvoir sur ceux qui les ont fabriqués? Anima représente la quête d’un sang de l’électrique, d’une respiration du numérique, d’un devenir monstrueux au coeur même de la tradition originelle du quatuor à cordes.
Ashley Fure.
Note de programme du concert du 7 juin 2017 au Centre Pompidou dans le cadre du festival ManiFeste.
- Petits haut-parleurs qui transmettent la vibration de leur membrane à la surface sur laquelle on les place. (Note du traducteur).
- Le feedback ou effet Larsen est un phénomène physique de rétroaction acoustique observé dès les débuts de la téléphonie et décrit par le physicien danois Søren Absalon Larsen. (Note du traducteur).