informations générales

date de composition
2011

genre

Musique de chambre (Autre quatuor à cordes)

effectif détaillé

violon, alto, violoncelle, contrebasse

informations sur la création

date
27 avril 2011

Paris, Maison de la Poésie

interprètes

Irène Lecoq : violon, Cyprien Busolini : alto, Deborah Walker : violoncelle, Charlotte Testu : contrebasse et Gwenaëlle Stubbe, Laurence Vielle, Florence Pazzottu, Valérie Rouzeau, Sophie Loizeau : poètes en alternance.

Information sur l'électronique

Dispositif électronique
sons fixés sur support, dispositif multimédia (vidéo, lumière)

Note de programme

Convergence des multiples est un titre emprunté à René Char ; la multiplicité des poètes du XXe siècle évoquée l'année dernière et celle des poètes d'aujourd'hui convergeront cette année vers une forme singulière qui interrogera également l'Histoire musicale du siècle passé, à travers la référence du quatuor à cordes. Le choix des archives de l'Ina vise à faire voir et entendre le visage et la voix des grands poètes du XXe siècle : Apollinaire, Aragon, Cendrars, Eluard, Genet, Pasolini, Sarraute, Mandiargues, Michaux, Pound, Valery, Kerouac, Desnos, Perec...

Les mots dits par l'écrivain sont toujours un éclairage singulier sur l'œuvre, et le visage si cher à Levinas est l'intime d'un être. Lorsque les mots se joignent au corps, la poésie résonne d'une voix nouvelle et touchante. C'est cette démarche qui est prolongée par le choix de cinq jeunes poètes offrant par leur propre bouche leurs textes récents et inédits.

Le public sera d'abord libre de déambuler dans ce labyrinthe de salles voûtées dans lequel il pourra découvrir les différents musiciens jouant littéralement de l'archive, dans un rapport de singularité et complément à l'ensemble. Les archives comme les musiciens se répondront dans l'espace et le temps pour finir par se réunir dans une salle où ils accompagneront un poète vivant.

D'hier à aujourd'hui

Arkhéion #1 - La voie des poètes retraçait en 2010 un parcours dans le XXe siècle poétique, une trentaine de poètes était ainsi évoquée grâce aux archives de l'INA, pas une seule femme. Les femmes poètes sont peu nombreuses aux siècles derniers. Lorsque l'on a cité Gertrude Stein, Andrée Chedid, Anna Akhmatova et Marina Tsvetaïeva, la liste s'épuise assez vite et révèle la misogynie de l'histoire récente. Lorsque nous avons commencé à penser ce projet avec Claude Guerre et Patrick Zuzalla, nous avons été étonné que cette présence féminine si faible hier, soit si forte aujourd'hui et il nous a paru juste d'inverser le processus en offrant ce dispositif, non pas à cinq femmes poète mais d'abord à cinq grands poètes qui ironiquement sont des femmes : Florence Pazzottu, Valérie Rouzeau, Laurence Vielle, Sophie Loiseau, Gwenaëlle Stubbe.

Toutes les archives utilisées cette année montreront et donneront à entendre la voix et le corps des poètes d'Apollinaire à Genet, de Pasolini à Char ; mais ces poètes sont morts et leur présence fantomatique semblant sortir des murs de la Maison de la poésie, tendra à s'incarner dans la présence réelle de leur digne successeur. Ces poètes ont surtout la particularité de dire elles-mêmes leur texte que ce soit comme comédienne ou comme performeuse. Cette implication du corps et de la voix dans la poésie est une dimension importante dans le choix des poètes, qui prolonge la façon dont ont été sélectionnées les archives : voir et/ou entendre les poètes.

Quatuor à cordes : archives musicales

La musique également s'incarne. À l'électronique et la voix très présente l'année dernière, s'ajoutent un quatuor à cordes. Le quatuor s'inscrit dans la même démarche de continuation et de rupture. Continuation d'abord car le quatuor s'inscrit dans un rapport très fort à l'histoire de la musique ; forme reine de l'écriture, presque tous les compositeurs se sont emparés d'elle pour faire évoluer leur art. Le quatuor à cordes est comme l'archiviste de l'évolution musicale, les grandes oeuvres qui jalonnent son histoire depuis plus de trois siècles révèlent autant l'évolution du langage que les rapports instrumentaux et leurs émancipations, chaque instrument tendant vers une certaine autonomie par l'évolution de sa virtuosité et de son registre timbral. Mais rupture également car il ne s'agit pas d'un "vrai" quatuor, mais d'une formation avec contrebasse. Ce choix répond autant à une volonté d'irrévérence qu'à la certitude d'une nécessité musicale. Rupture toujours puisque les instruments sont quasiment niés dans leur utilisation avec l'électronique.

Vidéo, scénographie & électronique

Wilfried Wendling écrit et réalise l'ensemble de la musique électronique, la lumière et la vidéo. Le tout est pensé comme un dispositif global qui doit être modulable en fonction des poètes. Chaque soirée sera unique. La vidéo diffusée sur plus d'une dizaine de vidéo-projecteurs sera également un lien entre hier et aujourd'hui. La première partie déambulatoire, permettra au spectateur de se déplacer d'une salle à l'autre pour écouter et voir différentes archives et leur rapport musical au musicien, comme pour un tableau que l'on découvre en s'en éloignant ou s'en approchant. Certaines « fausses » archives montreront les poètes participant au projet. Dans un second temps, les musiciens se regrouperont autour du poète et les spectateurs prendront place de façon traditionnelle dans l'une des petites salles. Mais la vidéo jouera là encore un rôle essentiel en créant et modifiant l'espace de jeu. Toute la scène et le plafond de pierres voûtées seront en effet éclairés par plusieurs vidéo-projecteurs qui projetteront sur ces matières brutes (pierres, scène, corps,instruments) des images allant de la pure lumière abstraite (traits, lignes, points, tâches...) à des lieux ou des objets filmés avec les poètes et choisis par eux. Chaque poète amène ainsi son univers visuel : grues de chantier, forêt, squellettes animaliers... Ces images, rendues abstraites, sont la trame lumineuse et visuelle de la performance. La vidéo ne sera donc plus seulement de l'image mais de la lumière faisant apparaître et disparaître les instruments et les corps dans un univers onirique.

1er temps : déambulations & archives

Dans un premier temps, chaque musicien du quatuor sera dans une salle indépendante, relié aux autres musiciens uniquement par les haut-parleurs proches de lui, il percevra donc les instruments déformés par l'électronique sans savoir s'il s'agit vraiment d'un instrumentiste ou d'une archive sonore d'un quatuor. Le premier « mouvement » utilisera en effet un discours très référencé, fait de citations plus ou moins tronquées qui seront littéralement débordées par le traitement en temps réel sur les instruments, l'allusion aux quatuors historiques sera ainsi saturée et distordue par l'électronique. L'idée de dégradation est ici empruntée à l'univers des archives audiovisuelles où le contenu est toujours influencé par le support. Le clic, la saturation ou le filtrage sont ainsi exportés du support d'archives vers le musical.

2nd temps : performances & concert

Dans un second temps, le quatuor se réunira autour du poète pour retrouver un univers plus acoustique et un rapport de jeu plus traditionnel. L'univers musical sera toujours très marqué, l'histoire du quatuor à cordes, mais ici uniquement par allusion et non plus par citations. Seul le répertoire du XXe siècle sera abordé et les musiciens pourront improviser à l'intérieur d'une « forme ouverte » bornée par une étude stylistique d'une quinzaine de grands quatuors. Toute la scène et le plafond de pierres voûtées seront en effet éclairés par plusieurs vidéo-projecteurs qui projetteront sur ces matières brutes (pierres, scène, corps, instruments) des images allant de la pure lumière abstraite (traits, lignes, points, tâches...) à des lieux ou des objets filmés avec les poètes et choisis par eux. Le poète peut ainsi construire chaque soirée grâce à un réservoire de « caractères » musicaux et plastiques pour accompagner, contrarier ou décaler ses textes.



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