Il est certaines découvertes dont on sait tout de suite l’impact durable qu’elles auront sur notre mode de pensée. Quand j’ai découvert la deuxième Sonate pour piano de Pierre Boulez, je n’étais qu’un adolescent mais je savais que cette œuvre allait profondément influencer ma pensée de la musique. C’était la découverte d’une musique radicalement différente de ce que je connaissais jusqu’alors et ce sentiment d’une expressivité moderne etvigoureuse est, depuis, resté ancré en moi. Mon Quintette avec clarinette est une œuvre assez inhabituelle pour moi, au sens où elle est saturée de références et d’hommages à ce genre d’expériences qui m’ont marqué. La plus remarquable est certainement une courte citation de la deuxième Sonate pour piano de Boulez, justement, que je me suis appropriée pour en faire mon propre matériau de composition. Mais on en croisera d’autres. Citons : Igor Stravinsky, Ludwig van Beethoven, Helmut Lachenmann ainsi que Wolgang Amadeus Mozart et Johannes Brahms, qui nous ont laissé les Quintettes avec clarinette les plus emblématiques de l’histoire de la musique. D’autres références non musicales émaillent le discours, bien que de manière plus détournée : Samuel Beckett (pour l’absurde et le maelstrom vocal incessant et lancinant), Mladen Dolar (pour sa pensée rigoureuse de la voix), Charles Bukowski, auquel j’ai emprunté (en le paraphrasant) un titre et bien d’autres. Malgré toutes ces références, je ne considère pas mon Quintette comme un collage post-moderne de toutes ces influences mais bien plutôt comme un hommage à un certain nombre d’événements importants qui ont façonné ma voix propre, cette voix avec laquelle j’ai pu écrire cette pièce.
Rune Glerup, ManiFeste-2015, note de programme (tr : J.S.).