L’œuvre, dédiée à Momo Kodama dont le nom en japonais signifie « pêche », permet à Toshio Hosokawa de poursuivre son cycle sur le temps des fleurs. Après Silent Flowers (quatuor à cordes), Lotusblume (chœur mixte), Blossoming (quatuor à cordes), Stunden-Blumen reprend le thème de l’ikebana, l’art floral japonais. Coupées juste après l’éclosion, les fleurs expriment une « mort cachée », elles meurent avec le flux du temps : expression de la beauté et de son déclin, de la tristesse éprouvée face à la brièveté de la vie.
« C’est l’éclosion de la beauté avant le retour au néant… De la même manière, les sons surgissent du néant avant d’y retourner. J’ai dès lors tenté d’exprimer la beauté du son nouveau-né et de sa courte vie. La musique doit pouvoir rendre ce passage éphémère des sons et non pas être une construction destinée à résister au temps ou à le contrer ». (Toshio Hosokawa)
Musique de l’instant, qui fuit ici toute idée d’une attente stérile, dont les sources se trouvent dans la force de la tradition japonaise. Stunden-Blumen, avec la même formation que le Quatuor pour la fin du Temps se veut, en quelque sorte, le miroir de l’œuvre de Messiaen : « Contrairement à la fin des temps, j’aimerais créer une pièce qui impliquerait « lesdébutsdutemps » ou ses « origines ». En prenant comme point de départ une note soutenue qui forme la matrice de la pièce, une harmonie entre le yin et le yang s’établit, et la tension entre les deux produira la « fleur sonore » et le « chant ». »
Hosokawa, avec Stunden-Blumen, offre une élégie de la nature, faite de poésie et de silence. L’œuvre s’inspire aussi d’un conte de Michael Ende, Momo und die Stundenblumen, qui dévoile le lieu où est né le temps. Un voleur l’a dérobé et Momo doit combattre pour retrouver ce lieu perdu.
Avec les « Fleurs des heures », on retrouve les thèmes de prédilection du compositeur : la fragilité, la naissance du son, l’éphémère, l’attente (souvent sur une seule note) et la contemplation de la nature.
Rodolphe Bruneau-Boulmier, programme du Festival d’Automne à Paris 2008.