Dans chacune des pièces, la voix de la chanteuse suit un mouvement comparable à celui de la ligne de pinceau que l’on nomme Sen, en calligraphie, tout en opérant de subtils changements de timbre dans les voyelles. Une attention particulière a été prêtée à de minutieux changements de hauteur par le portamento, ainsi qu’à des changements de dynamique obtenus par des techniques de clair-obscur et de perspective. Cette « ligne » est influencée par le shômyô [la cantillation bouddhique], en particulier celui des sectes Tendai et Shingon. Dans les parties 1 et 2, la voix de femme et la harpe donnent naissance à une hétérophonie par le déplacement progressif d’une ligne dans le temps et dans l’espace (les hauteurs). La troisième pièce suggère les oscillations tranquilles de la mer – les oscillations tranquilles de l’esprit – et la « ligne » souple de la voix féminine s’y dessine avec en arrière-plan la forme sonore répétitive de la harpe aux lentes métamorphoses.
Toshio Hosokawa.
Tel sur les épis
des rizières à l’automne
brume du matin
se dissipe quand donc
mon amour cessera-t-il ?
extrait du Manyoshû (vol. 2)
© Presses orientalistes de France, 1997
Traduction René Sieffert
II
La si longue route
par laquelle vous partez
la voudrais rouler
et mettre en tas pour que puissent
feux célestes la détruire
Chants d’amour du Manyoshû
© Presses orientalistes de France, 1993
Traduction René Sieffert
III
Franchissant la Baie de Yura,
batelier sans plus de gouvernail
on ne sait où il mène
le chemin de l’amour
Extrait du Shinkokinshû
Traduction Véronique Brindeau