Ecrit dix ans après le premier trio, il comprend deux mouvements bien opposés.
Le premier reprend à la lettre une « mélodie » écrite antérieurement pour voix et accordéon Der Verschwundenen sur un texte du poète allemand Erich Fried.
Der Verschwundenen Les disparus
Noch Worte suchen Chercher encore des mots
die etwas sagen Qui disent quelque chose
wo man die Menschen sucht Là où l'on cherche les gens
die nichts mehr sagen Qui ne disent plus rien
Und wirklich noch Worte finden Mais trouver encore des mots
die etwas sagen können Qui savent dire quelque chose
wo man Menschen findet Là où l'on trouve des gens
die nichts mehr sagen können ? Qui ne peuvent plus rien dire
[Erich Fried, traduction en français par Noëmi Schindler.]
La mélodie confiée ici au violon transpose les inflexions vocales par différents jeux de couleurs, parfois non tempérés, sur des mouvements d'accords froids, composés de superpositions de quintes justes.
Une trame lente, quasi statique, sur un spectre sur-aiguë, précède et ferme le chant du violon.
Le second mouvement (très vif) oppose l'accordéon aux deux instruments à cordes. L'accordéon évolue sur une mode de six sons, non octaviant, résultant d'une superposition de deux boucles rapides et irrégulières (main gauche/main droite), tandis que les cordes contredisent la virtuosité de l'accordéon en progressant sur des valeurs longues, en double cordes (le violon doublant le violoncelle deux octaves plus haut).