Gérard Pesson (1958)

Quatuor à cordes n° 1 (1993)

Respirez ne respirez plus

  • Informations générales
    • Date de composition : 1993
    • Durée : 10 mn
    • Éditeur : Lemoine
    • Commande : Radio France
Effectif détaillé
  • 1 violon, 1 violon II, 1 alto, 1 violoncelle

Information sur la création

Titres des parties

Allegro

Adagietto tenebroso

Finale precipitoso

Note de programme

    <p>Ce quatuor à cordes est comme une maison neuve dans des murs anciens. Tel qu’il est articulé maintenant en trois mouvements (<em>Allegro</em>, <em>Adagietto tenebroso</em> et <em>Finale precipitoso</em>), on peut encore distinguer les traces de cloisons des cinq pièces qui le constituaient, comme autant d’études sur les modes de jeu, le souffle, la vitesse et l’écho, l’effacement, la soustraction opérée par le geste instrumental même ; études sur l’essoufflement.</p><p>Le premier mouvement (qui correspond aux études 1 et 2) est de structure  ternaire de type AB, A+B. Y alternent « jeu virtuel » — bruit des doigts sur la touche, sans l’utilisation de l’archet, valse balancée de <em>pizzicati</em> et de <em>battuti con legno</em>, puis, trio d’harmoniques artificielles en trille <em>murmurando</em>.</p><p>Le second mouvement (études 3 et 4) est une élégie (dite « les adieux » dont mon petit lexique égotique) au bord du silence où les quatre instrumentistes confondent leur propre respiration avec celle des archets frottés là où les notes sonnent bien peu. Leur tension dans le silence fait partie de cette musique, c’est la musique même souvent, en creux : le craquement parfois de leur instrument parmi les souffles, ou le bruit non prévu de leurs archets, comme s’ils devaient traverser un océan de silence tous moteurs éteints. Des cantilènes parviennent parfois de loin, mais pas de terre en vue.</p><p>Le troisième mouvement (étude 5) est le plus bref et le plus « charnu ». N’était la toute fin qui fait sonner des accords <em>fortissimo</em> répartis sur tout le spectre, les quatre instruments du quatuor sont traités comme s’ils avaient le même ambitus et rayonnent à partir d’un canon à l’unisson suivi de notes répétées.</p><p>Ce quatuor se termine sur ces accords-venin arrachés aux instruments jusque là seulement caressés. Le quatuor s’interrompt avant d’être achevé.</p><p>Ce n’est pas le « syndrome de lassitude » (et de toute beauté dans l’arbre) dont parle Dominique Fourcade, c’est l’incendie.</p><p><em>Extrait du livret du CD Gérard Pesson, Editions Accord-Una Corda (Universal), n°4650798-2</em><br /></p>