<p>Cette pièce a été écrite pour un film documentaire de Maurice Rabinovisz, <em>A la recherche de la sonate de Vinteuil</em>, consacré à Proust et la musique. Le producteur, Guy Darbois, avait demandé à quatre compositeurs (Régis Campo, <a href="/composer/marius-constant/biography">Marius Constant</a>, <a href="/composer/philippe-hersant/biography">Philippe Hersant</a> et moi) d'imaginer ce que serait leur « petite phrase ». J'ai voulu en faire un hommage à Vinteuil qui est aussi mon maître, et non pas une hypothèse de sa sonate en <em>fa </em>dièse. Le titre est emprunté a une description de la « petite phrase » (intercalée, épisodique, bruissante et divisée ) et la matière musicale suit les relations très détaillées que Proust donne de la musique de Vinteuil, y compris du Septuor, du « brouillard violet » de sa dernière période : notamment le « rappel constant » de deux notes, le « mouvement mélancolique, incessant et rapide », les « motifs qui par instants émergent, à peine discernables, pour replonger aussitôt, disparaître », la liquidité, le fondu, l'aigre silence, le vide infini, la douceur inapaisée, rétractée et frileuse, le son qui s'altère à tout moment, s'estompe pour indiquer une ombre et jusqu'au « moelleux arrière-plan de silence qui pacifie certaines rêveries de Schumann ».</p><p><em>Gérard Pesson.</em><br /></p>