Après Rainer-Maria Rilke, c'est Giacomo Leopardi que j'ai choisi de célébrer pour cette Cantate n° 2, dédiée à ses commanditaires (lors du festival Musica 2008) et créateurs : Françoise Kubler et Armand Angster.
Ce duo de 22 minutes reprend six des Canti du poète bolognais, auxquels j'ai choisi d'ajouter un « poème imaginaire » confié à la clarinette seule. C'est un long solo vocal qui introduit l'œuvre, dans un style très discontinu, associant statisme, ornementation, silences, microtonalité, et arpèges très rapides, soit la majorité du matériau travaillé aux deux parties par la suite. Trouvant sa cohérence par l'emploi de ces quelques formules, le discours se renouvelle dans la succession de configurations instrumentales variées : opposition entre une écriture vocale raréfiée et une clarinette volubile (2ème poème), récitatif (3ème poème), jeu de « figures sur fond » (5e poème), ou homorythmie (6e poème).
Cette Cantate n° 2 a été pour moi l'occasion de revenir à la voix soliste après mon opéra L'Autre côté, et de repenser la notion de ligne ornementale appliquée à la langue italienne. Car ce sont les textes de Leopardi qui portent en eux une forme de musicalité très singulière, par leur rythme si reconnaissable cherchant une constante asymétrie.
Bruno Mantovani.