Jérôme Combier (1971)

Gris Cendre (2006)

Lessness, pour grand orchestre

  • Informations générales
    • Date de composition : 2006
    • Durée : 12 mn
    • Éditeur : Lemoine, Paris, nº 28478
    • Commande : Orchestre de l'Insa
    • Dédicace : à Guillaume Bourgogne
Effectif détaillé
  • 3 flûtes (aussi 1 flûte piccolo), 3 hautbois, 2 clarinettes (aussi 1 clarinette basse), 2 bassons, 3 cors, 2 trompettes, trombone, 4 percussionnistes, harpe, piano, cordes

Information sur la création

  • Date : 12 décembre 2006
    Lieu :

    France, Lyon


    Interprètes :

    Orchestre de l'Insa, direction : Guillaume Bourgogne.

Note de programme

Gris cendre prend appui sur le texte de Samuel Beckett intitulé Lessness et que Ludovic Janvier en accord avec l’écrivain a traduit par le mot « Sans ».

Lessness. Il n’y eut d’autre traduction trouvée par lui à ce mot forgé par lui en anglais que cet autre mot simple qui ne retient que le retranchement – Sans.
Lessness est description, tentative d’épuisement d’un lieu où toute personne est absente sauf par sept fois ce « il », petit corps seul debout cœur battant, dont les actes – maudire, faire, revivre – sont les prémices à l’occupation de ce lieu. « Lieu vide en attente des corps, de la langue, des événements »… Lieu de l’être que le philosophe finit par nommer Noir gris, qui dit « l’être dans sa localisation vide de tout événement ». « Un noir assez gris pour qu’il ne soit pas en contradiction avec la lumière, un noir qui n’est l’opposé de rien, un noir anti-dialectique. » (Alain Badiou, Beckett, L’increvable désir, Éditions Hachette Littérature, Paris 1995).

Il m’est apparut à force de lire, relire ce petit texte, que les mots étaient organisés, que les phrases dessinaient une structure – perceptible – qu’il me plu de me ressaisir dans ma manière d’entendre la musique. J’osais imaginer que cette démarche m’engagerait à entendre une forme musicale étrange dont je serais peut-être le premier déconcerté. Mon rapport à ce petit texte se situe à cet endroit.

Gris cendre rejoint le travail que j’ai commencé avec Noir azur – Cette fois – puis avec Noir grisImpromptu d’Ohio.

« Ciel gris sans nuage pas un bruit rien qui bouge terre sable gris cendre. Petit corps même gris que la terre et le ciel les ruines seul debout. Gris cendre à la ronde terre ciel confondus lointains sans fin. » Samuel Beckett, « Sans », éditions de Minuit, Paris 1969.

Jérôme Combier.