Au début, la recherche poétique de la « quintina » fut toute mon obsession. Cette cinquième voix fantôme qui rayonne dans les plafonds et que font surgir par ajustement savant de fréquences les quatuors de chanteurs Sardes.
Comment faire quatre plus un à quatre ? Ou plus prosaiquement, comment faire naître l'unité à partir de quatre ? Puis cette question, sans toutefois jamais disparaître, fut enfouie sous le flux ivre et perçant qu'est l'oeuvre en train de se faire et qui se nourrit de sa propre chair pour croître.
Bientôt les quatre tordus en tous sens remplirent l'espace de cent sur le chemin de cet unique introuvable. Et ce ne fut qu'après les avoir épuisés de floues contorsions que je vis paraître la nécessité d'une « ligne droite » finale simplifiée, une cellule stable butant doucement sur elle même en hocquet avant que de rejoindre le silence.
Ainsi les trois mouvements qui furent trois tentatives différentes d'engendrer l'unité inouïe finirent-ils plutôt par trouver chacun, dans l'épuisement, leur « ligne de fuite » apaisée, litanique. Et l'idée que cette calme ligne exténuée émerge à chaque fois de l'exubérance sonore me parut faire la véritable réponse à la question du quatre égale un.
Igor Ballereau.