Zona (Zone) tire son titre du film Stalker de Tarkovski : les « zones » sont des endroits où l'énergie s'est concentrée et vers lesquels les protagonistes se dirigent. Les « zones » de la pièce sont des champs communs au soliste et à l'ensemble. Sur la structure rythmique de base, Lindberg écrit : « J'étais intéressé par un continuum de différents rythmes, une transition progressive d'un caractère à l'autre (interpolation). Je calculais mentalement ces « interpolations » et ressentis évidemment bien vite la nécessité d'un programme informatique pour travailler de tels procédés avec plus de souplesse. [...] L'harmonie de la pièce repose sur l'extension de la technique de la chaconne, mais avec superposition et tuilage de nombreuses successions d'accords différents, dont les cycles, constamment décalés les uns par rapport aux autres, créent ainsi sans cesse de nouvelles constellations de structures de hauteurs *. »
La pièce, qui se divise en trois mouvements joués sans interruption, est une commande des radios néerlandaise (NOS) et finlandaise (YLE) pour un concert de la série Promenos à Hilversum pour le violoncelliste finlandais, membre de l'ensemble Toimii, Anssi Karttunen, et le Nieuw Ensemble, dont l'instrumentation fort originale se retrouve dans la nomenclature de Zona. La partie soliste fut préparée en collaboration avec Anssi Karttunen. Une nouvelle version, retravaillée et raccourcie, vit le jour à l'occasion d'un concert, suivi d'enregistrement, à Londres, en mai 1990.
* Note de programme de la création.
Risto Nieminen, « Magnus Lindberg », Les Cahiers de l'Ircam, coll. « Compositeurs d'Aujourd'hui » n° 3.