Le premier et le troisième mouvements de la pièce forment une parenthèse. Ils sont imbriqués et ne peuvent être envisagés l’un sans l’autre. Ce qui, dans le premier mouvement, est exposé et aussitôt transformé – s’évaporant en quelque sorte dans la mémoire – est repris, développé et étiré (mais dans une direction radicalement différente) dans le troisième mouvement. Ces deux mouvements se réfèrent à une mesure de la Gran Partita, que j’ai utilisée uniquement comme point de départ pour mes idées et non comme fondement structurel. Entre eux, le second mouvement émerge comme une île ; sorte de rêverie traversée subitement par une réminiscence concrète de Mozart (quelques mesures de l’Adagio KV 411 pour deux clarinettes et trois cors de basset). Jamais clairement évoquée, cette citation est pourtant toujours présente ; estompée et séquencée, elle apparaît comme une vrille dans l’espace sonore. À peine commencé, le mouvement se termine déjà. Lors de la composition de cette pièce, je n’ai en aucune manière cherché à recréer la technique historique de Mozart, mais avant tout à le construire à ma manière. Et c’est un Mozart multiple qui est apparu, que j’interprète sur plusieurs niveaux, comme sur un clavier. Cela débute par des intervalles parallèles, comme un phénomène de surface, pour arriver à des références plus profondes de techniques compositionnelles. Mais une chose seulement est à retenir : Mozart est un point de départ, un déclencheur ; j’ai ensuite continué à avancer seul.
Arnulf Herrmann.