informations générales

date de composition
2001
durée
24 min
éditeur
Lemoine
Dédicace
à Isabel Mundry

genre

Musique concertante (Piano et ensemble de 10 à 25 instruments)

effectif détaillé

Soliste(s)
piano

flûte (aussi flûte piccolo, flûte basse), hautbois (aussi cor anglais), clarinette (aussi clarinette basse), cor, trompette, trombone (aussi trombone ténor-basse), percussionniste, harpe, violon, violon II, alto, violoncelle, contrebasse

informations sur la création

date
24 novembre 2001

France, Dijon, festival Why Note

interprètes

Jean-Pierre Collot : piano et l'Ensemble orchestral contemporain, direction : Daniel Kawka.

Note de programme

On parle souvent — et à raison — de dialectique quant au déroulement formel de la sonate classique. On évoque plus rarement le sujet même de la dialectique : le dialogue, la division, la déduction et, finalement, l'inquiétude de ne pouvoir accéder, à l'issue des enchalenements de pensée, à rien de satisfaisant avant une hypothétique dernière étape.

C’est en ce sens que la pièce, par sa recherche constante d’équilibre et de synthèse des conditions de son propre parcours, pourrait se penser comme métaphore de l’intranquillité dialectique : un déroulement du temps musical au sein duquel le vocabulaire ne se référerait pas à un noyau donné (comme dans le thème des « thème et variations » de jadis), mais à la fluide consécution de ses passages, à sa propre histoire.

L'un des premiers sens historiques du terme même de dialectique, le dialogue, exprime la nature du concerto. Ici, le pianiste, séparé de l'orchestre et comme déduit de la totalité, voit son rôle solistique potentiellement menacé d'engloutissement, de dévoration par l'orchestre qui l'entoure. Seul un geste dramatique presque final le tirera de l'abîme.

L'idée d'un piano encerclé, surveillé, encadré par d'autres instruments est à l'origine de la décision de distribuer les treize membres de l'orchestre autour du public et de placer ainsi la sensibilité directe du public dans une position comparable à celle du piano lui-même. Par ailleurs, cette spatialité de l'orchestre se perd à différents niveaux : percussion et harpe, sur les côtés de la salle, décrivent un triangle dont la pointe est le piano — les cordes divisées en deux groupes se réfèrent plus directement à la spatialité baroque et à son cortège d'échos, de commentaires et de duplications — enfin, un carré d'instruments à vent de tessitures comparables, tout autour du public, suggèrent, par leur encadrement rigoureux, à la limite du carcéral, les sous-jacences poétiques possibles de l'œuvre.

Si j'étais provocateur, je comparerais volontiers la partie du soliste, ce piano qui s'échappe constamment de l'orchestre, pour en exprimer les manques, aux cavales des prisonniers-poètes qui, par leurs témoignages, nous forcent à considérer presque concrètement la honte inavouée que nous avons de nos prisons.



Brice Pauset.

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