Deux idées ont retenu mon attention lors de la composition de cette pièce :
- la disposition des musiciens et des enceintes sur la scène : à chacun des six musiciens correspond un haut-parleur précis qui est placé au plus proche. Trois haut-parleurs (celui du piano, de la percussion et du violoncelle) sont tournés vers les murs afin de diffuser le son de manière indirecte. Les autres ont une position frontale. On obtient six couples instrument/haut-parleur
- cette disposition, cette matrice de points sonores (instruments et haut-parleurs) dérive de l’idée structurale de la pièce. La partition est composée en six « strates » très caractérisées. Chacun des couples instrument/haut-parleur constitue l’une de ses strates et fait appel à un matériau sonore précis dans sa figuration, son registre, sa couleur et sa dynamique. La partie électronique se caractérise par un traitement du son de l’instrument dans le but de renforcer ses particularités sonores (registre, couleur, dynamiques…). Ces six strates sont superposées pour former un réseau global, complexe, dont la densité est variable au cours du temps.
Pour moi, cette manière d’organiser l’espace sonore se présente comme une nouvelle façon de concevoir le contrepoint en retenant avant tout ce qui serait son essence et ses principes : le principe de continuité, de superposition, d'horizontalité, de recoupement, d'inclusion. Une stratification de lignes indépendantes ; « strates » comme on pourrait l’entendre en géologie, comme les différentes couches de croûte terrestre.
Oliver Schneller, programme du concert du 14 juin 2010, festival Agora, Ircam.