Cette pièce est intégrée au cycle Namenlosen, où il est question des divers modes d’éclairage et de représentation du « personnage » et du « figurant », notamment dans les réflexions de Pasolini puis Georgio Agamben et de Georges Didi-Huberman sur l’inversion du rapport entre les lumières, à partir de la seconde moitié du XXe siècle.
Ce cycle est aussi une tentative, fragile, de réponse à Walter Benjamin dans ses thèses « Sur le concept d’histoire » exhortant son lecteur à raconter une certaine tradition des opprimés.
Dans Sortir du noir (titre « volé » à Georges Didi-Huberman dans son livre du même nom dédié au film « Le fils de Saul »), il s’agit d’entendre s’entrechoquer deux types d’éclairage, associés cette fois à deux types de résistance. La résistance-combat des lumières fortes, des projecteurs, du « porter aux nues » et du « porter plainte ». Et cette résistance-luciole, celle des lumières fugitives et des survivances, celle du migrant se décidant à traverser la mer ou celle d’un juif des Sonderkommando résistant à l’inexistence du mort en créant de toutes pièces, à contre-courant du monde et de sa cruauté, une situation dans laquelle un enfant existe, fut-il déjà mort. Pour que nous-mêmes sortions du noir de cette atroce histoire, de ce trou noir de l’histoire.
Julia Blondeau.