Aventure à travers la voix féminine, à travers le temps, cette œuvre composée comme un vitrail, fait appel à deux interprètes, une soprano et un percussionniste. Tour à tour mythique, familière, sophistiquée ou prophétique, la voix de l'oracle semble surgir de la nuit des temps, des rues d'une métropole nocturne, ou encore d'une forêt tropicale en délire. L'éventail vocal de la tendresse au sarcasme, du mot crié ou murmuré à la fureur de chanter s'épanouit en une construction contrapuntique. La percussion se fait voix et la voix percute, échangeant leurs timbres jusqu'à se fondre dans le torrent d'une bande magnétique. Ici l'incendie se mêle aux percussions et aux cris, grandit et s'éteint dans un paysage de cendres au pied d'une ultime note tenue où survit la voix d'une étoile.
Maurice Ohana.
Notons que la voix est entièrement vocalisée et que n'intervient aucun texte, sauf quelques mots isolés - pratique constante chez Maurice Ohana depuis le Tombeau de Claude Debussy. Le matériau de base est constitué par huit mots pris dans différentes langues, et envisagés essentiellement sous l'angle de leur valeur phonique.
Christine Prost, catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Ohana, Revue Musicale, Editions Richard-Masse.